« Ce métissage culturel est un atout »
Avant son spectacle à la Pléiade le 14 avril, la comédienne Roukiata Ouedraogo répond à nos questions. Au programme : cultures, langue française et liberté !
Les différences culturelles entre le Burkina-Faso et la France semble beaucoup vous inspirer, même après vingt ans en France…
C’est d’ailleurs plus largement entre l’Afrique et la France que je perçois toujours ces différences, fortes et enrichissantes. C’est un atout pour moi d’avoir ce métissage culturel, de pouvoir naviguer entre les deux continents, ça ne fait qu’enrichir mes écrits, que ce soit mes sketches, mes pièces de théâtre ou mes livres.
Vous proposez aussi des chroniques à France Inter (C’est encore nous) : que vous apporte cette aventure-là ?
Du travail, déjà, ce qui est super ! C’est un enrichissement professionnel car c’est forcément un travail différent de la scène. Et j’ai des collègues formidables, être dans cette bande-là c’est humainement incroyable. Et ne crachons pas dans la soupe : ça me permet aussi d’avoir de la visibilité, certains spectateurs viennent voir mon spectacle après m’avoir découverte à la radio, car ils sont curieux de voir ce que je propose au théâtre.
Alors quel mot doit-on utiliser pour vous définir ? Humoriste ? Comédienne ?
Comédienne ! Je ne me considère pas humoriste car je me suis formée dans une école de théâtre et pas une école de stand-up. Je n’ai pas appris à faire rire : j’utilise le rire pour faire passer la pilule ou transmettre des idées, mais je ne fais pas de l’humour à proprement parler. Et me dire humoriste, ce serait m’enfermer dans une case. Alors vous pouvez dire comédienne… autrice, conteuse, ou raconteuse d’histoires si vous voulez !
On vous a déjà demandé de gommer votre accent ?
Bien sûr, lors de castings par exemple. En tant que comédienne, je peux faire des efforts d’élocution, pour être comprise, ou pour m’adapter à un personnage. Mais arrêter totalement de parler comme je le fais, c’est impossible ! Et ce ne serait plus moi.
Et en tant que femme noire, est-ce que vous vous retrouvez parfois en position de militante, d’artiste engagée ?
On n’attend pas spécialement ça de moi, on me contacte pour tout un tas de projets qui ne me placent pas dans cette position. Et comme je ne suis pas une porte-parole et que je n’ai pas les épaules pour ça, cela me convient. Par contre, je défends dans mes créations mes principes et mes valeurs.
Voilà le printemps : un petit plaisir de saison ?
Voir pousser les fleurs de mon jardin ! Planter des tomates, voir les bourgeons éclore… Jardiner me plaît beaucoup !
Et votre expression préférée de la langue française ?
Il y en a plusieurs, mais je choisi « s’enjailler » : c’est festif, positif, plein de promesses !