« Il y a une émulation de groupe que j’aime beaucoup »
Humoriste, présentatrice télé, chroniqueuse radio, comédienne… Nicole Ferroni a plus d’une corde à son arc ! Avant d’animer le spectacle Please Stand Up en compagnie de ses consœurs, elle répond à nos questions.
Dans l’émission « Piquantes » sur Téva comme pour le spectacle que vous présenterez à Rouziers-de-Touraine, l’équipe est 100% féminine. Ça change quoi ?
Je dirais que ça enlève la notion de compétition, beaucoup moins présente je crois entre nous que sur des plateaux d’humoristes habituels. Je ne sais pas si c’est lié au genre, ou aux personnes qui en font partie… Mais sur les deux projets il y a beaucoup moins d’individualité et d’envie de se démarquer des autres. Il y a vraiment une émulation de groupe que j’aime beaucoup. Pas de vol de vannes entre participantes par exemple : au contraire, on se donne des idées sur une conversation whatsapp !
Et c’est nécessaire aujourd’hui d’avoir un spectacle 100% féminin ?
Ah c’est toujours le problème de la discrimination positive, qui revient finalement à demander plus de justice, en faisant un truc injuste. Donc je ne dirais pas que c’est nécessaire, mais que c’est utile. Ça nous offre un vrai espace d’expression, qui sans cela n’existe pas encore assez. Et même si pour l’émission télé ou ce spectacle, on est dans des enclaves féminines, ça nous permet de montrer et de convaincre qu’il faut nous laisser plus de temps, tout simplement, car on en vaut la peine.
Au cours de cette soirée, chacune fait ses sketchs ?
Oui, et on prépare aussi quelques inter-sketchs en semble, ou des petites chansons, il y a une vraie connivence. Sans compter les accidents, quand j’annonce les participantes dans le désordre par exemple, ça crée de l’imprévu !
Et qu’est-ce qui vous plaît dans le rôle d’animatrice (notamment dans « Piquantes » sur Teva) ?
Ce qui me plaît c’est qu’on m’ait proposé ce rôle, alors qu’au départ ce n’est pas le mien. C’était vraiment une nouveauté qu’on me propose l’animation, d’être une sorte de capitaine. Je trouve ça assez audacieux car en général, dans l’audiovisuel ou le spectacle, on nous propose souvent des choses qu’on sait déjà faire. Et ce que j’apprécie particulièrement c’est que c’est une émission où on a beaucoup de liberté, à l’écran ou en coulisses. Ce n’est pas une grande cour de récré, mais on est sur la même envie que Please Stand Up : avoir des femmes aux commandes, avoir le sentiment d’être en famille, être dans une émulation créatrice, sans trop se poser la question du jugement.
Avec tous ces projets en bande, vous n’avez pas envie de remonter seule en scène ?
Je n’avais pas l’élan de me relancer dans l’écriture d’une seule en scène, donc la tournée Please Stand Up m’apporte un bon entre-deux. Et J’ai aussi créé le spectacle « Je vous offre un vers » à la demande d’un théâtre marseillais, que j’ai joué dans les bars locaux et que je reprends en avril. Mais il faudra attendre pour le voir ailleurs en France !
En attendant on vous retrouve aussi sur votre chaîne Youtube, où vous expliquiez il y a quelques mois comment on fabrique les lois. Ancienne prof que vous êtes, vous avez toujours ce désir de transmettre ?
Pui et ça me manque un peu depuis que j’ai arrêté la chronique France Inter ! Je fais d’ailleurs ces temps-ci un test de chronique sur LCP. J’ai toujours cet appétit de comprendre les lois, de décrypter les choix politiques du moment. J’étais en train de regarder les débats de l’Assemblée Nationale en direct ce matin, car j’attendais la discussion sur une loi pour la protection des enfants. J’ai toujours un morceau de mon cerveau dévoué à ça.
Vous vous considérée comme « engagée » ? Ou au moins intéressée à la politique ?
Je suis sensible au fonctionnement de l’appareil politique. J’aime le comprendre et l’expliquer. Je ne suis pas trop une antipolitique, même si je critique beaucoup les choix du gouvernement ou de certaines hommes politiques : je le fais car je crois en la politique. C’est un outil qui peut être formidable, démocratique, mais qui ne fonctionne pas toujours, notamment par manque de connaissance et d’intérêt. Je pense que si les députés se savaient plus regardés pendant leur débat, leurs paroles et leurs votes seraient différents. Aujourd’hui il y a tellement de lois en même temps qu’on ne peut pas tout suivre !
Quel est votre livre de chevet du moment ?
Histoire d’un Allemand, de Sebastian Haffner : un livre que j’ai découvert pendant ma visite du Camp des Milles, sud de la France, un des camps de déportation français. Dans le cadre de l’expo qui explique comment une population en vient à accepter l’idée d’un génocide, je lisais beaucoup de citations de ce monsieur, dont j’ai finalement acheté le livre. Et c’est saisissant de comprendre comment une population peut accepter des choses inacceptables. Le livre ne raconte pas tant la période 1939-45 que ce qui précède ; comment est survenue la montée du nazisme, comment les esprits se sont transformés. C’est important à lire aujourd’hui, quand on sent qu’une bascule des mentalités n’est pas si loin de nous.
Et puisqu’en mars on célèbrera les droits des femmes, avez-vous une femme qui vous sert de modèle ?
Professionnellement, parmi nos contemporaines, Charline Vanhoenacker. Elle est très inspirante pour moi, elle allie le sérieux et le professionnalisme, sans se prendre au sérieux. C’est une grande bosseuse, et en même temps elle a cette légèreté… Elle garde la bonne distance avec le milieu professionnel et les sujets qu’elle aborde. Et côté humour je cite toujours Jacqueline Maillan, car elle avait un jeu qui lui permettait de rendre crédible des situations complètement absurdes. C’est quelque chose que j’affectionne beaucoup.
Y’aura-t-il de l’absurde dans les sketchs du spectacle Please Stand Up ? Pour le savoir, rendez-vous le 16 mars aux Quatre Vents avec Nicole Ferroni, Marie Reno, Christine Berrou et Olivia Moore. Programmé dans le cadre du festival Femmes en Campagne.