L'interview de MATHIAS MALZIEU & DARIA NELSON
« Une comédie musicale de poche »
Le couple à la ville monte sur scène en duo avec un projet hors-norme : la Symphonie du temps qui passe. Pour tout savoir, direction… les lignes qui suivent !
Sur l’album La Symphonie du temps qui passe, vous êtes accompagné d’un orchestre…symphonique. On le retrouvera à l’Intime Festival ?
Mathias : pour la tournée nous sommes en piano-voix, avec des décors, un écran géant sur lequel on diffuse des clips et avec lequel on interagit. Donc c’est finalement comme une petite pièce de théâtre où il va y avoir des chansons, des films, une histoire… c’est une comédie musicale de poche, dans un cocon, comme à la maison. Et le spectacle est en deux parties : nous en profitons pour présenter en première partie le spectacle Dérèglement joyeux de la métrique amoureuse, basé sur le recueil que nous avons coécrit, mais que nous n’avions pas pu jouer à cause du confinement.
Daria, vous avez hésité à chanter aux côtés de Mathias ?
J’aimais bien chanter, mais pour moi ! Je n’ai jamais voulu en faire un métier. C’est quand Mathias m’a entendue chanter durant nos répétitions du Dérèglement… qu’il m’a dit que j’avais une belle voix et que je pourrais chanter en solo. Je n’en avais pas envie, mais chanter à deux, notre histoire, et être sur scène avec mon amoureux, là j’ai dit oui.
Vous évoquez sur scène des moments durs, comme une fausse-couche : ce n’est pas difficile de s’exposer ainsi ?
Daria : C’est très compliqué… Je trouvais ça génial de partager notre histoire, pour peut-être aider des gens dans la même situation. Mais c’est finalement très difficile, je revis mon histoire quand on la chante, c’est douloureux. Mais à chaque fois je me dis que ça va toucher quelqu’un…
Mathias : on a réalisé qu’on ne pouvait pas soigner la douleur des autres, tout juste la nôtre… Mais on est heureux de ce projet, fort en émotion, et pas que dans la mélancolie : il y a du rire, de la joie. Le voile sombre est percé de nombreux trous pour le transformer en ciel étoilé !
Daria, avez-vous mis à profit votre parcours de photographe et artiste plasticienne pour la création des décors sur scène ou dans les clips ?
Daria : On a tout fait ensemble. La réalisation du disque, les chansons pour lesquelles Mathias me demandait toujours mon avis…
Mathias : pas seulement ! Chaque mot, chaque thématique, chaque accord, les tonalités pour chanter à deux, on a tout fait ensemble !
Daria : Et c’est vrai que je suis photographe, donc c’était important pour moi que notre projet ait un univers visuel qui colle parfaitement avec univers des chansons. Avec Mathias on a les mêmes références, le rétrofuturisme, le steam punk, Cocteau. Donc on a trouvé Leturk qui est devenu en quelque sorte le 3e coéquipier, qui nous a accompagnés dans le choix des couleurs, des costumes (mais les robes sont celles que je porte au quotidien). Ma prof de chant Sarah Sanders nous a aussi aidé avec la mise en scène. On regarde tout, ensemble, on prend toutes les décisions ensemble.
Avec vous, les livres qui deviennent disques ou concerts, les albums qui deviennent films et inversement… Vous abolissez les barrières entre les disciplines artistiques !
Mathias : Tout naît de l’envie de faire les choses. J’ai toujours eu une passion équilatérale pour la littérature, la chanson ou le cinéma, pour raconter des histoires. Pour la Symphonie…, nous avons voulu donner une dimension cinématographique aux chansons. Daria a choisi Leturk pour réaliser les clips, et on a tout développé ensemble. Mais c’est sans doute le projet le plus 360º depuis La mécanique du cœur.
Sur ce nouveau projet on retrouve par exemple des clips, que vous diffuserez sur scène…
Mathias : Sous forme de moyen-métrage, car les clips mis bout à bout construisent une histoire. La Symphonie… est un univers, une histoire avec le coup de foudre, les doutes, le désir d’enfant. Et plus on avance dans l’album et dans les clips, plus on comprend la narration, et au final cela crée un moyen-métrage musical. Si on a envie d’écouter la chanson nº7 puis la nº2, ça marche aussi. Pas besoin d’un mode d’emploi pour ressentir les chansons, et les films. Mais les écouter dans l’ordre, c’est comme les plonger dans un bain révélateur émotionnel, qui leur donne une autre puissance. Même si on est conscients qu’aujourd’hui il est difficile de garder l’attention des gens pendant 40 minutes ! On est contents de ce qu’on propose, de l’ADN du projet et des beaux objets qui en sortent, même si on sait qu’on est à contre-courant.
Vous avez rencontré des difficultés pour faire aboutir ce projet ?
Daria : C’est compliqué de défendre un projet à deux, alors que Mathias a plus de notoriété que moi. C’est donc difficile à défendre « commercialement ».
Mathias : Artistiquement on est très heureux, même si bien sûr, tout est perfectible. Mais dans mon enthousiasme un peu naïf, je ne pensais pas que les médias se concentreraient plus sur moi que sur Daria, car c’est vraiment un projet où on est à égalité. Je n’ai pas envie de faire un projet solo, « Mathias Malzieu et une chanteuse ». C’est un projet à part de Dionysos, mais qui existe à deux, avec aussi Olivier Daviault qui s’est chargé des arrangements symphoniques, et Le Turk pour la partie visuelle. On espère donc que la tournée va permettre aux gens de supprimer ce biais dans la compréhension de ce que nous proposons.
Et avant de vous retrouver fin janvier à l’Intime Festival, peut-on savoir si vous avez une bonne résolution en tête pour démarrer 2023 en beauté ?
Mathias : Un nouveau petit chat ! On a déjà une petite chatonne, qui nous rend extrêmement heureux, elle est pleine de tendresse et de mystère… Les chiens sont là pour donner des réponses, les chats sont là pour poser des questions ! On ne sait jamais ce qu’ils pensent… Et comme on part en tournée, on ne voulait pas qu’elle soit seule trop longtemps, donc dès le 2 janvier un nouveau chaton arrive à la maison, ce sera la première petite joie de l’année ! Et vous savez quoi ? Les chats devraient être remboursés par la sécurité sociale !