« C’est le plaisir qui me garde jeune »
La tournée de Louis Bertignac passe par Tours, et à presque soixante-dix ans le rockeur déborde d’énergie et d’envie !
Sur la pochette de l’album on vous voit jeune et aujourd’hui : le regard pétillant n’a pas changé, et votre timbre de voix n’a pas bougé non plus sur l’album Dans le film de ma vie. Allez, c’est quoi votre secret ?
Le plaisir ! Quoique je fasse, je cours après le plaisir, même si bien sûr j’ai aussi des responsabilités (familiales par exemple). Mais je crois que c’est le plaisir qui me garde jeune.
Et vous avez toujours autant de plaisir sur scène ?
Plus que jamais, car non seulement l’album est agréable à jouer sur scène, mais je suis entouré de musiciens formidables, excellents et adorables. Grâce à eux je joue enfin la musique que j’aime entendre, des interprétations au niveau de ce dont je rêvais, ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé. Je suis déjà angoissé à l’idée que cette tournée va s’arrêter !
Vous avez peur de la redescente ?
Je suis déjà angoissé quand il y a une semaine de pause, alors oui, la redescente sera difficile. Comme d’habitude, je vais tomber malade, une grippe ou autre chose.
Dans la chanson « Le film de ma vie » vous chantez n’avoir aucun regret : c’est vrai ?
Les paroles sont de Frédéric Château, mais je les chante volontiers car elles disent vrai. Je n’ai aucun regret majeur. J’ai fait des erreurs, bien sûr, mais j’ai assumé, payé mes mauvais choix ; je ne pense pas avoir blessé profondément des gens, ce que j’aurais eu du mal à me pardonner.
Et cette guitare vous accompagne depuis longtemps ?
Je l’avais avant Téléphone ! Une Gibson bas-de-gamme, avec un seul micro, sans doute créé pour des débutants ou des gens avec peu de moyens. J’ai beau en avoir des hauts-de-gamme, je préfère celle-là.
Elle vous accompagne donc depuis vos premiers groupes ! Vous avez joué plusieurs années pour d’autres, ou en groupe, avant de vous lancer en solo : ça a été difficile de vous jeter à l’eau, avec votre nom en haut de l’affiche et votre musique ?
La musique était déjà un peu à moi car je composais. Mais c’est vrai qu’au niveau des textes ça a été un peu difficile de m’y mettre. Mais ce qui a été le plus dur c’est la présence scénique. J’ai fait mes débuts aux côtés de Jacques Higelin, donc c’était lui qui faisait la parlotte avec les gens, il était très doué pour ça. Dans Téléphone, c’était Jean-Louis qui se tapait tout ce qui est présence scénique. Moi, je me contentais de jouer de la guitare et de m’occuper de jouer et composer de la musique avec mes potes. Donc ça a été le plus gros problème pour moi car je me suis demandé : comment je dois faire pour être leader, parler aux gens… Les premiers mois ont été un supplice ! Je n’étais pas Jagger ni Jackson ou Prince, donc je ne pouvais pas prétendre danser comme eux. Je n’ai pas le sourire et l’énergie de Jean-Louis Aubert. Alors comment je pouvais être, moi ? Et un soir en réfléchissant dans ma chambre, je me suis dit que j’allais m’adresser au public comme si c’était ma bande de copains. Et ça a marché ! Et depuis ce jour-là les gens me disaient « c’est incroyable la présence que tu as sur scène ». Alors que je n’essayais rien de spécial.
Vous composez, vous écrivez mais vous faites aussi appel à des paroliers : comment choisissez-vous les chansons ? Vous passez commande ? On vous fait des propositions ?
Un peu des deux ! Au moment où je travaillais l’album j’ai reçu deux morceaux de Frédéric Château, que je ne connaissais pas : « Le film de ma vie », et « Allez vite ! », et j’ai trouvé qu’ils étaient vraiment faits pour moi. Ça collait à ma voix, je n’ai rien retouché. Pour d’autres morceaux comme « Ne crack pas », j’avais une idée que je n’arrivais pas à écrire, donc j’ai passé un coup de fil à un ami qui savait y faire. Dominique Simonnet est écrivain par exemple, il avait déjà fait des textes pour moi ; Stéphane Basset est un vieux pote (il a écrit « Poussière bleue »), et Rose est une chanteuse et amie. Quand j’écris une musique, j’essaie d’écrire aussi le texte ; mais si au bout de six mois je trouve ça toujours aussi nul, je fais appel à un ami !
Dans « Allez vite » vous chantez l’urgence de vivre. Vous êtes en mode « carpe diem » ?
J’ai toujours vécu au présent, sans réfléchir au passé ou à l’avenir. Et avec l’âge c’est encore plus vrai car on se rend compte qu’il reste de moins en moins de temps à vivre. Je ne le vis pas de manière dramatique, car j’adore la vie, mais j’ai conscience que je ne verrai peut-être pas grandir mes enfants autant que je le voudrais.
Vous ferez quoi avant d’entrer en scène à Tours ?
C’est très technique : j’accorde ma guitare, je bois une potion pour ma voix, je mets mes oreillettes en cachant les fils sous mes cheveux, avant un petit mot avec les musiciens.
Pour Noël, qu’est-ce qu’on met sous votre sapin ?
Rien, je me suis déjà offert un ordinateur portable car le mien était mort.