Publié dans le PROG n°210 de Mars 2024
« Anne Sylvestre est ma grand-mère de rocaille »
Podcasts, radio, presse écrite, et maintenant spectacle musical : Klaire fait Grr est multi-casquettes !
Sur votre page Wikipedia, aux « Publications » on trouve : « récit / féminisme / humour / recueil ». Est-ce que les créateurs de la page ont bien fait de séparer féminisme et humour ?
Oui, car les féministes sont des êtres mornes aux yeux tristes qui se nourrissent de sang de chaton. (Pensez à le faire bouillir à 80°, et à rajouter une goutte de tabasco, c’est meilleur.).
Plus sérieusement, cette séparation est effectivement éloquente : c’est évidemment possible d’allier humour et féminisme, ça demande peut-être un poil plus de boulot que d’écrire un lâcher de salopes, mais comme grâce au sang de chaton, on a la patate, ça va.
Quand Télérama vous définit comme « Anne Sylvestre, nouvelle génération », ça vous fait quoi ?
C’est un immense compliment qui me touche beaucoup. Ça peut d’ailleurs paraitre étonnant car mes chansons ont une forme tout à fait différente. Mais il ne s’agit pas de se ressembler, il s’agit de reconnaitre une odeur familière de rage, d’amour, et de café qui coule.
Peut-être y-a-t-il quelque chose de familier dans l’écriture, dans cette façon d’attaquer de grands choses avec des petits mots, ce mélange d’humour et de coup de poing dans le ventre.
Je crois qu’il y a surtout cette chose un peu râpeuse que nous partageons. Nous sommes venues dire, mais nous ne sommes pas venues séduire, et le chemin s’en trouve plus rocailleux. Anne Sylvestre est ma grand-mère de rocaille.
Qu’est-ce qui aujourd’hui encore vous pousse à faire « Grr » ?
Franchement, y’a rien qui va. On passe des lois racistes, on est gouverné-es par des types qui ont échangé leur pouvoir politique contre des faveurs sexuelles, les flics tueurs d’enfants sont millionnaires et y’a plus d’eau, sauf pour les terrains de golf. Le pire, c’est peut-être qu’on s’y habitue, qu’on finisse par s’y résoudre, d’épuisement et de sidération.
