« Pas une question de niveau ! »
C’est avec neuf danseurs amateurs tourangeaux que le chorégraphe recrée sa pièce Pólis. Qui fait quoi dans ce projet, on vous dit tout.
Qui sont les danseurs qui participent à ce projet ? Quels profils avez-vous privilégié ?
C’est un groupe hétérogène ! A l’issue d’ateliers organisés au CCNT et à l’Université de Tours, une trentaine de personnes intéressées ont passé une audition. Nous avons gardé neuf interprètes, aux niveaux variés, car justement ce n’était pas une question de niveau. Trois interprètes avaient déjà une expérience du mouvement, trois autres avaient seulement suivi quelques ateliers, et les trois derniers n’avaient jamais fait de danse. Mais tous avaient cette ouverture vers l’autre, cette curiosité et sensibilité au mouvement, pour que l’on construise ensemble le groupe, et le projet chorégraphique.
Car ce n’est pas une simple reprise de Pólis ?
C’est plutôt une réactivation du processus de création, que je partage cette fois-ci avec ces interprètes. Cette pièce créée en 2017 pour cinq danseurs professionnels s’interroge sur la formation et l’organisation de la cité. Dans chaque ville de résidence de création, les structures culturelles nous avaient donc proposé une rencontre avec un acteur de la cité, un regard singulier sur la ville, qui avait nourri la pièce.
C’est ce que vous avez refait à Tours ?
Oui, notre partenariat avec l’Université de Tours nous a permis de rencontrer cinq enseignants-chercheurs, pour des échanges riches et généreux. Et le point d’orgue de ces rencontres seront les représentations à la salle Thélème de cette pièce retravaillée grâce à tout cela : le canevas chorégraphique reste le même, mais toute la matière dansée sera originale, construite avec les danseurs.
C’est donc inédit !
Inédit pour toutes les parties dansées, mais on retrouve la scénographie d’origine : comme souvent dans mon travail, je me suis inspirée du travail d’un artiste, en l’occurrence Pierre Soulages et ses couches de matières sombres. On retrouve donc une monochromie de noir au plateau, dans la scénographie, les objets, les accessoires, les costumes, avec des matières et brillances différentes. Le travail de Pierre Soulages sur l’outre-noir est un travail sur la lumière, il y a donc aussi un gros travail de lumières dans ce spectacle. Et pour tout cela c’est une chance d’être à la salle Thélème !
Cette pièce s’inspire de regards sur une ville : quel est votre regard sur la ville de Tours ?
Ce qui est toujours intéressant avec ce projet, c’est qu’on a une vision de la ville de Tours, avant, et une autre, après. Nous avons travaillé avec un historien, nous avons visité les archives, exploré des bâtiments, comme celui des archives municipales, place Saint-Eloi, par exemple. On rencontre des gens, on découvre leur travail, cela donne l’impression d’avoir accès à quelque chose de précieux, et cela modifie notre point de vue sur la ville, ça le nourrit. C’est ce qui fait tout l’intérêt de ce travail. Finalement l’étude de la ville est un prétexte à la rencontre.
Vous avez été surpris par certaines choses ?
J’ai déjà travaillé sur d’autres villes, et certaines choses se répètent, surtout quand on ne se concentre par sur le quartier historique et touristique, et qu’on s’intéresse à des quartiers périphériques ou moins visibles. On voit alors comment des villes à visages multiples cohabitent, comment des quartiers ne se croisent presque jamais. C’est ce qui me questionne : la difficulté du construire ensemble, et en même temps ces rencontres avec des gens formidables, partout !
Et vous, votre endroit préféré à Tours ?
Même si c’est toujours chouette d’être en bords de Loire, j’adore aussi la vue sur les toits et le ciel que j’ai depuis le Airbnb que je loue souvent rue Marceau !
Pólis au festival Tours d’Horizons, les 15 et 16 juin à Tours – www.ccntours.com.