La Petite Histoire... de Jacques Villeret
81 films, près d’une vingtaine de pièces de théâtre… En près de trente-deux ans de carrière, Jacques Villeret a marqué les esprits, notamment avec ses rôles de Français moyen aux airs de Pierrot lunaire.
Mais le Lochois décédé à l’âge de cinquante-trois ans en 2005 a plutôt mené une vie de clown triste, qui a débuté bien loin du monde du spectacle.
C’est en effet à Loches que naît Jacques, ou plutôt Jacky, en 1951. Sa mère est coiffeuse, tout comme sa grand-mère. Il est élevé par Raymond Villeret, homme d’entretien du lycée du coin.
Le secret est bien gardé, mais le petit Jacky finit par le découvrir : son père biologique est en réalité Ahmed Boufroura, Algérien kabyle ayant quitté sa mère trop tôt. Une blessure d’enfance qu’il aura du mal à guérir. Cela ne l’empêche pas de conquérir les planches de théâtre pour se faire aimer. Après une première expérience à Loches dans les années 1960, il se forme au Conservatoire de Tours tout d’abord, puis à la capitale où il partage les classes d’André Dussollier, Jacques Veber ou Nathalie Baye…
Diplôme en poche en 1973, il saute sur les occasions qui se présentent. Un premier film avec Yves Boisset sur la guerre d’Algérie, avant le célèbre Dupont Lajoie en 1974 dans lequel il tient un petit rôle non loin de Jean Carmet, autre tourangeau de l’aventure. Alors qu’au théâtre il joue Feydeau, Ionesco, Scapin,… il est abonné aux rôles de Français moyen sur grand écran.
C’est finalement Claude Lelouch qui verra chez lui un peu plus qu’un personnage d’arrière-plan et l’embauchera dans la plupart de ses films des années 1970. C’est d’ailleurs pour l’un de ses films, Robert et Robert, que Villeret obtient son premier César en 1979, vingt ans avant son César du premier rôle pour le Diner de Cons. Entre temps, Villeret a gagné les faveurs du public populaire grâce, notamment, à son rôle d’extraterrestre dans La Soupe aux Choux sorti en 1981.
Claude Sautet, Jean Becker, Bertrand Blier, Henri Verneuil, Jean-Michel Ribes, Alexandre Arcady, Yves Robert… Jacques Villleret a tourné pour les plus grands réalisateurs de son temps, sautant du drame à la comédie au gré de ses envies.
En coulisses, le désespoir gronde. Le comédien, travailleur acharné et sans doute angoissé, se noie dans l’alcool, surtout après la rencontre avec un père biologique qu’il n’imaginait pas ainsi. Alcoolisme et troubles diabétiques, jusqu’à en mourir. Mais Villeret reste dans les mémoires comme le Pignon du Diner de Cons et le second rôle parfait d’un nombre incalculable de films !
Crédits photo : Le Diner de cons - Jacques Veber