LA COMPAGNIE DISCRÈTE

EN ROUTE VERS AVIGNON

Depuis 2014, ils arpentent les scènes de la région avec des spectacles pas comme les autres. Alexandre Finck et Adrien Fournier ont décidé de se passer des mots pour monter sur scène. C’est avec du mime qu’ils entraînent leurs spectateurs sur les traces de soldats perdus dans la jungle (Play War), dans un vaisseau spatial navigant vers l’infini (Horizon), ou à la poursuite d’un mouton dans les bibliothèques (Sauve-Mouton). Et cette année, ça y est : ils prennent la route du festival d’Avignon ! 

Halte aux clichés ! Si vous souhaitez identifier Adrien Fournier et Alexandre Finck dans la rue, ne partez pas à la recherche d’une marinière et de visages peinturlurés de blanc, à la manière du mime Marceau. Ces deux-là se sont pris de passion pour la pratique du mime dès leurs études au Conservatoire à Rayonnement Régional de Tours, avant de créer leur Compagnie Discrète, placée sous l’égide du clown, du théâtre gestuel, du cartoon, du mime, et de tout ce qui pourrait bien leur passer par la tête pour alimenter leurs créations scéniques. « Etienne Decroux ou Marcel Marceau ont laissé un héritage fort dans l’inconscient collectif quand on parle de mime. Depuis nos débuts, on doit mener à chaque fois un travail de dépoussiérage, casser les préjugés qui entourent cette discipline où il existe plusieurs courants, plusieurs pratiques, comme dans n’importe quelle discipline artistique » explique Alexandre.

 

Dans leur premier spectacle, Play War, les bruitages se mêlent au gromelot, langage imaginaire qui, dans la bouche de ces soldats pas très doués, ressemble de loin à de l’anglais. Entre cartoon, théâtre et mime, l’histoire de ces deux militaires naît au milieu de… rien. Pas de décor, juste deux corps : « pouvoir voyager et faire voyager le public avec nous, sans parole, juste avec nos corps, c’est magnifique, c’est ce qui me passionne » explique Alexandre. C’est cette fascination pour le travail gestuel qui a d’ailleurs réunis les deux compères, puisque pour Adrien, « le corps permet de raconter une histoire, sans tout figer. Les mots sont puissants, mais ils cloisonnent parfois. Il y a plusieurs manières de dire « je t’aime » à quelqu’un, mais quand c’est dit, ça existe de la manière dont vous l’avez prononcé. Le corps dit des choses aussi, mais en laissant aux spectateurs toute la liberté d’interpréter et d’imaginer ».

On les imagine volontiers passer le balai pendant des heures pour retenir les gestes essentiels qui leur permettront de mimer la même action sur scène. Ont-ils manipulé des mitraillettes pendant des jours entiers pour pouvoir jouer Play War ? En tous cas, on s’y croirait ! 

Avignon, le défi ! 

C’est maintenant au tour du public national du festival d’Avignon de découvrir cette pièce au mois de juillet. Une fracture du coude ayant malencontreusement interrompu l’aventure 2021, les deux comédiens seront en juillet en Avignon, accompagnés de leur équipe (ingénieur du son, ingénieur lumière, et chargées de communication de la compagnie et de l’agence Label Saison). Comme l’an dernier, ils y présenteront Play War, plus léger en termes d’installation et de ton que leur Horizon et son univers de science-fiction.

L’enjeu est de taille : « nous sommes maintenant relativement bien identifiés en région Centre. L’étape suivante, c’est jouer un peu partout en France, et pour cela, il faut que les gens voient le spectacle. Et pour cela, Avignon est une belle vitrine ». 

Façon Koh-Lanta, nos Tourangeaux ont plusieurs épreuves à surmonter : 

1) ne pas tomber de vélo comme l’an dernier 

2) tracter à tout-va dans les rues pour attirer le public en salle, et prendre des programmateurs dans leurs filets 

3) s’installer chaque jour en 10 minutes top chrono 

4) s’hydrater et gérer l’énergie sur la durée, pour ne pas arriver sur scène complètement desséchés 

5) faire les comptes, et rentrer dans leur budget

 

Envie de plonger dans leur univers ? Rendez-vous du 7 au 30 juillet 2022 à la Factory (salle Tomasi) à Avignon, puis sur leur site www.compagniediscrete.com pour ne rien perdre de leurs actualités.

 

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