Une cote de livre, un code tout simple.
Je me suis donc pointé à la bibliothèque centrale de Tours, au comptoir directement, pour présenter le code : R
- Pour Roman.... m’a expliqué la petite dame.
Elle a tapé un moment sur son clavier, elle a grogné. Le livre n’est pas en rayon, il est sorti ? Puis elle tique à nouveau.
Visiblement, l’ouvrage est étage. Elle cherche encore. Remonte dans la fiche, passe la notice.
- Auto édition... je ne pensais même pas que nous avions cela en stock. Elle tapote encore.
Elle relève le nez de son écran, bien ennuyée.
- Je le trouve pas.... Je vais devoir faire une demande auprès des archives, cela va mettre du temps. Je ne suis même pas persuadé qu’il existe encore.
- Je peux au moins avoir le titre, le nom de l’auteur ?
- “Empreinte” de Geneviève Rhu. C'est à compte d’auteur. C’est étrange d’ailleurs que nous ayons ce type d’ouvrage dans nos magasins.
Elle note sur un bout de papier, les références, avec de belles lettres rondes. Elle me donne au passage les coordonnées pour faire ma demande. Mais elle semble pessimiste.
Pas d’ISSBN.
Pas de dépôt à la bibliothèque de France.
- Le livre n’est plus sorti depuis quinze ans. Il ne semble jamais avoir été demandé. Il est peut-être encore l’écran, mais pourrait avoir été désherbé mais pas récolé.
- Désherbé
- Pilonné
- Pillonné ?
J’imagine qu’on tape sur le livre avec un pilon, comme pour l’écraser.
- Détruit, quand les livres sont vieux, nous les sortons de nos stocks, et nous les vendons, donnons, ou pour les plus abimés, nous les jetons.
Jeter des livres....
- Et récolé ?
- Inventorié.
Bref, le livre est nulle part.
Je ne dis rien. Je reste un moment avec mon bout de papier, un nom, encore un, une piste, encore une. Je me tourne, je vois les écrans, je vais en profiter.
- Je peux utiliser ?
Elle ne me répond pas, elle est déjà avec un autre lecteur, prend la pile de livre pour scanner. Je m’installe au clavier, demande d’un clic de souris à accéder au navigateur, à internet, interroge Google. J'entre le nom de Geneviève Rhu dans le moteur de recherche. Rien ne tombe.
Des Geneviève, il y en a des tonnes. Des “Rhu” aussi, des autrices aussi. Je rentre le nom du livre “empreintes”, là la recherche est plus courte, le nombre de page limité à une seule, j’ai même une date de publication 2001, Juin - Imprimé à MAME. Une centaine d’exemplaires. Un tirage vraiment modeste.
Rien.
Je ne lâche pas, si la cote donne bien sur un livre, c’est que ce livre a un intérêt pour ma graffeuse, alors je poursuis.
A côté un jeune attend son tour, souffle déjà. Je comprends qu’il est en galère, qu’il doit aussi faire des recherches. Je fais mine de ne pas le voir.
Je reviens au navigateur, je rappelle dans la barre de recherche, Geneviève, Rhu, puis je note, Touraine, là encore le nombre de page est réduit, par contre j’ai un lien avec la nouvelle république, la nécrologie.
Geneviève Rachelle Rhu, née Abhidaele.
Suit un bel hommage : Femme flamboyante, artiste... Mère de famille... des dates, elle est née la même année que moi, le 12 juin, elle est morte en aout 2001. Un mois après l’impression de son livre.
Merde.
Fausse piste... Je ne rencontrerais donc pas Geneviève... Je cherche encore. Clique un moment, je passe sur les google images.
L’autre à coté souffle encore plus.
- Quoi ?
- Pour les images vous pouvez faire comme ça.
Il prend le clavier, clique super vite. Une image apparait en pleine écran, et là, comme par magie. ... là je comprends. Bon dieu mais c’est bien sûr !
J’ai décroché mon téléphone pour appeler Olivier : Ne boucle pas ! Ne lance pas l’impression du magazine. Je sais qui est “Elle”