Ils ont tapé à la porte à l’aube. Les flics. Quatre. L’un d’eux, le plus vieux qui m’a agité un papier sous le nez, m’expliquant qu’il était là dans le cadre d’une enquête préliminaire, menée par le parquet de Tours, pour dégradation volontaire et tout un tas de truc en plus.
A peine la porte ouverte, les trois autres se sont lancés, tandis que le vieux m’a isolé.
Il m’a demandé mes papiers, j’étais en caleçon. Pas vraiment réveillé, gueule de bois matinale, le temps de cherché dans mon jean, de lui sortir mon larfeuil, ils avaient déjà le nez dans les cartons.
- Vous venez d’aménager ?
Je n’ai jamais vraiment rangé. Trois ans que je vis là. Un appartement qui devait rester temporaire, je pensais que Nadège, mon ex me rappelle. Enfin c’est ce que j’imaginais. Un film de désespéré, de mec qui n’a rien capté à ce qui venait de se passer. J’ai mis le temps à comprendre qu’en faites, elle avait déjà une autre ritournelle en tête et que le dénommé Hervé, un prof de SVT, s’était déjà bien invité dans sa vie.
Alors pour le reste... entre la dépression, la boisson, les antidépresseurs, le laissez allé, puis les grands moments de solitudes, mon légendaire sex à peal... Des années de célibat forcé, de misère sexuel, d’eunanisme assumé, de lamentations et nous voilà encore le nez dans les cartons.
Si j’ai un chat.
Un chaton de gouttière. Une saloperie qui s’est invité il y a six mois devant ma porte.
- C’est ça l’odeur ? Comprends le flic à côté.
Le vieux, inflexible, s’en fout bien de mon petit confort, lui vient là, car dans les hautes sphères de la hiérarchie, on s’agace sévère ! Ras le bol de tout ce bordel avec ce vandale.
- Et alors ?
- On enquête.
- Et vous me perquisitionnez ?
Ces collègues ouvrent les placards, c’est vide. Le frigo : pas mieux, si, deux yaourts. Dans le coin tombe sur des piles de canettes vides, des bouteilles aussi. Je suis plus liquide que solide. Pas vraiment la tête à descendre les poubelles.
Humour.
Les condés ne se marrent pas. Je pensais pourtant bien trouver là un point de convergence. J’ai toujours cru que la marée chaussée, avait un petit faible pour le goulot.
Ils me posent des questions sur certaines dates : Le 15 juillet ? J'étais où cette nuit-là ?
Ici : tout seul
- Et le 30 ?
- Pareil.
- Et le 3 aout ?
Le flic commence à jubiler. Son collègue tente de démarrer mon ordinateur.
Il a le droit je demande
- Vous avez quelque chose à vous reprocher ? Qu’il me lance.
Pas forcément, juste que je reste un homme....
- Et vous me suspecter de quoi ?
D’être Elle ! - “Elle” ?
- “Elle” le graffeur.
L’affirmation semble ridicule, dans tous les sens du terme. Puis j’ai ruminé. Après tout, l’affaire tourne un peu autour de moi. Là je tombe de ma chaise, au sens propre : Je loupe la chaise unique sur laquelle j’allais pour m’asseoir.
- Mais je ne suis pas elle !
- Va falloir le prouver. Qu’il me dit.
Il m’explique qu’il va me convoquer, pour un rapport. Que si j’avais des informations, il fallait que je lui parle.
- Des informations ?
- On vous connait vous la presse ! Le secret des sources et tout le reste ! Si Elle, c’est pas vous ; C'est qui ?
- Je ne sais pas.
C'est n’importe quoi cette histoire jusqu’à ce qu’un des limiers se mettent à l'appeler : j’ai quelque chose commandant !
Je vois l’autre qui sursaute, la moustache qui frise, croise mon regard, comme s’il avait trouvé un trésor.
- Une bombe de peinture noire et un carton avec des traces
La bombe que m’avait donné Gil KD. Celle pour essayer, j’avais dessiné un R. Comme Ron.
D’office je vois le poulet qui frémit. Les trois autres qui se regroupent. Me voilà qui me décompose, le gosier sec, même pas habillé, je me vois en train se gémir :
C’est pas ce que vous croyez...