La Petite Histoire... du préservatif

Publié dans le PROG! n°104 de juin 2014

Parlait-on de «redingote» il y a quelques siècles, car l’anglais «riding coat» désigne le manteau de celui qui chevauche ? Capote anglaise, condom, «gant de Vénus» chez Shakespeare ou «sac de peau de Venise» chez le marquis de Sade : le préservatif s’est en tous cas laissé traiter de tous les noms ! Mais ce qu’on sait moins, c’est qu’il a aussi pris toutes les formes…

Il fut un temps où, pour protéger son précieux, on ne semblait pas craindre le ridicule. Les historiens se sont en effet penchés sur cette épineuse question, pour découvrir le capuchon en écailles de tortue utilisé par les Japonais, le papier de soie huilé des Chinois, ou les boyaux et autres vessies d’animaux dont on fabriquait l’étui pénien sensé protéger de tous les maux.

Le médecin Fallope préconise ainsi au XVIe siècle un fourreau de lin contre la syphilis, tandis que chez Louis XIV le modèle était de soie ou de velours avec un petit ruban. Ou comment être élégant jusqu’au bout…

Les baudruches faites de boyau laissent place à la modernité grâce à la révolution industrielle du XIXe siècle. Le lien entre Goodyear et notre sujet ? La première capote en caoutchouc est produite par l’industriel américain à la fin du XIXe siècle !

Une affaire qui roule ensuite pour l’Anglais Mc Intosh qui assure la production de masse dans ses usines d’imperméables. Le produit, lavable et garanti cinq ans, a alors de beaux jours et de belles nuits devant lui, car bien que né pour protéger des MST, le plastique protecteur permet  aussi de contrôler les naissances... mais à couvert !

Dans la France décimée par la Première Guerre, il est en effet hors de question de limiter les naissances : il faut repeupler le pays. Le « vêtement imperméable à usage intime» circule donc sous le manteau, dissimulé dans un faux étui à cigarette ou une pochette d’allumettes...

Mais les femmes reprendront bientôt le contrôle de leurs corps ! En 1967 la pilule contraceptive est légalisée, et le préservatif perd la bataille des sexes...

Mais le SIDA fait sortir le préservatif du bois, puisqu’il est, avec l’abstinence, le seul bouclier efficace contre le virus. En 1987 la publicité pour le préservatif est donc autorisée, et la capote anglaise retrouve sa fonction première : la lutte contre la maladie.

À l’heure de l’égalité des sexes, pas de jaloux : préservatif masculin, ou féminin, parfumé à la fraise ou coloré, il y en aura pour tous les goûts ! Si la chaleur monte cet été, un seul slogan s’impose donc : sortez couvert(e)s !

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