L'interview de Svinkels

Publiée dans le PROG n°191 de Mai 2022

« Avec le public, il a fallu se réapprivoiser mutuellement »

Avant leur retour à Aucard de Tours le vendredi 10 juin, les Svinkels répondent à nos questions, et c’est Gérard Baste qui s’y colle.

Reformation de Svinkels en 2017, et le nouvel album Rechute sorti en 2021 : ce nouvel album est né facilement ? 

S’il s’appelle « rechute » c’est parce que c’est revenu facilement, mais avec tous les démons qui vont avec ! On a tout de suite eu envie de le faire. Mais par exemple avec Nikus on a passé une semaine à aller chez le caviste, à picoler, sans rien faire. Notre productrice (ma nana) nous a demandé si on avait bossé, il a juste répondu « on prend nos marques », et c’était un peu ça !  

Bon en fait, vous êtes des grands gamins ?

C’est vrai… mais je sais pas si c’est une bonne chose ! On avait aussi arrêté un peu pour ça, c’est un rythme et un mode de vie un peu usant. Mais on est retombés dedans avec plaisir. Tout s’est fait facilement, même s’il y a toujours quelques moments douloureux dans la phase créative de Svinkels.

Et aujourd’hui on peut dire que DJ Pone fait officiellement partie de la bande ? 

C’était même une des conditions au fait de reprendre la route ! On a eu envie de vraiment l’intégrer au projet musical. Là, il est sur la pochette avec nous, il a posé des scratchs sur plus de la moitié des titres, il s’est investi, il nous a beaucoup conseillés dans le projet. C’est pour nous le 4e Svink’, la question ne s’est même pas posée. Mais il fallait pas louper le coche pour l’attraper, car il était avec les Casseurs Flowteurs, Gringe, il sortait de Birdy Nam Nam… On a de la chance qu’il soit motivé ! 

Vous êtes déjà en tournée, comment se passent les concerts ?

Hyper bien, on est contents de défendre le nouvel album, et j’ai l’impression que tout le monde a retrouvé ses sensations, côté public et côté artistes. La mécanique était quand même un peu rouillée, on avait un peu plus de mal à aborder les spectateurs, ils s’approchaient moins facilement de la scène après deux ans de covid, il a fallu se réapprivoiser mutuellement… Mais là ça y est : les gens s’amusent, font les fous, et nous aussi 

Dans « Mon spot » vous évoquez le fait de reprendre votre place : d’autres rappeurs ont occupé votre créneau ?

Oui et non. Il y a eu un peu de rap parodique ces dernières années. On nous y associe, à tort : l’humour a une grande place dans ce qu’on fait, mais c’est pas du tout de la parodie. On nous dit aussi parfois « vous êtes des pionniers », mais c’est une question de chronologie. On a sans doute ouverte des portes, on s’est fait un peu crachr au visage en faisant quelque chose d’alternatif, alors qu’aujourd’hui un gars comme Lomepal peut faire sans problème un album sur sa grand-mère sans qu’on le lui reproche. C’est super, mais à notre époque on aurait pris des pierres pour quelque chose comme ça ! On est ravis que le rap se soit diversifié, et soit si bien accepté aujourd’hui, y compris dans les programmations de festivals. Va falloir qu’on s’y trouve une place justement. 

Vous avez du mal à être programmés ?

On s’en sort plutôt bien en fait. On est dans ancien, on va sur nos 50 ans. Les jeunes préfèrent peut-être voir autre chose que des papys sur scène, mais on a la forme, et on est là ! 

Parmi les festivals où on vous retrouve il y a Aucard de Tours : vous en avez de bons souvenirs ?

Ça s’est toujours bien passé à Aucard ! J’ai des souvenirs très précis car la première fois qu’on est venu, il y a eu un basket avec les gars de Uncommon men from Mars, et Xavier s’était pété la cheville. Il avait fait notre concert assis dans un gros fauteuil en cuir ! Et j’étais venu en solo à Aucard, l’accueil était super, j’ai donc été content de voir qu’on rejouait à Tours cette année. Et en plus quand il y a eu le post facebook « rap legend », on a trouvé ça hyper cool ! 

Faut assumer : vous êtes dans le circuit depuis longtemps !

C’est bien la seule chose dont on peut se targuer sans rougir : notre longévité.

La spéciale Aucard : cette année le thème est « On est pas bien là ? ». Et vous, c’est quoi votre endroit préféré ?

C’est différent pour chaque membre du groupe. DJ Pone vit à Barcelone. Moi je suis au bord de l’Oise, je fais mon petit barbecue tranquille en regardant les péniches passer, c’est le pied.

Un endroit secret à nous faire découvrir ?

Le mec des bons plans c’est Nikus, il est tout le temps fourré au bistrot en bas de chez lui, c’est un peu son bureau. On a mangé ensemble quelques sardines dans le vieux port de Biarritz, très sympa. Et dans le titre « Mon spot » il cite pas mal d’adresses justement, donc le mieux c’est encore de l’écouter !

Et l’endroit où vous détestez aller ?

Dur dur… La médecine du travail, car j’ai peur qu’ils me disent que j’ai plus le droit de chanter ? Et globalement tout ce qui est administratif. Je crois que Svinkels est atteint de la fameuse phobie administrative.

 

Rendez-vous le 10 juin à Aucard de Tours - billetterie.radiobeton.com

Svinkels sur le web : www.facebook.com/svinkelsofficiel/

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