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POCKEMON CREW

🕑 Temps de lecture : 4 min

Publié dans le PROG n°215 de Septembre 2024

Ces rois du breakdance présentent « De la rue aux Jeux Olympiques », le 18 septembre à Monts. Riyad Fghani, directeur artistique, nous répond.

LA QUESTION

Les J.O., c’était un rêve pour vous et les breakers ?

Pas du tout ! Nos adversaires à l’époque nous insultaient en nous expliquant qu’on n’était pas des vrais danseurs car trop techniques et pas assez dansants, qu’on avait notre place  aux J.O. plutôt que dans les salles de danse. Donc ce retournement du petit milieu nous fait doucement rire ! Globalement, le monde du breakdance ne s’y attendait pas, et ne le recherchait pas vraiment. Mais le CIO a vu son impact mondial et  s’est saisi de l’opportunité. C’est 50/50 car ça va nous amener un nouveau public !

LE QUESTIONNAIRE

L’artiste qui vous a donné envie de faire ce métier ? Mickael Jackson, danseur et musicien incroyable.

Le film qui a marqué votre enfance ? Je viens d’une petite ville, Châlon-sur-Saône, de ces banlieues qu’on ne voyait pas à la télé. Boyz n the Hood m’a choqué car j’ai découvert qu’on n’était pas seuls au monde, puis il y a eu La Haine. J’ai reconnu des scènes de ma vie.

Et si on parlait danse ? Alors on danse de Stromae, La plus belle pour aller danser de Sylvie Vartan, ou Danser encore d’HK ? Sylvie Vartan, pour l’ego, et car nous aussi on essaie d’être beaux sur scène avec le Pockemon Crew !

 

Y a-t-il eu un « effet J.O. » depuis l’annonce de la compétition de breakdance pour Paris 2024 ?

Enormément. On avait construit un spectacle sur le thème du breakdance, en expliquant son évolution. Donc on a eu de bons retours, et beaucoup de demandes.

En tant que directeur artistique, quelle est votre mission au sein du Pockemon Crew ?

Le gros du travail, c’est la transmission et le partage de vingt ans d’expérience. Les erreurs à ne pas commettre, la formation, le travail en équipe.

Quelles erreurs avez-vous commises ?

Ne pas prendre soin de nos corps. On dansait sans penser au lendemain, sans se ménager, sans envisager qu’un jour peut-être on ne pourrait plus danser à cause des limites de nos corps. On a trop vécu au jour le jour, et on n’a pas préparé l’avenir, peut-être car on ne pensait pas qu’il y en aurait un pour le breakdance.

Votre spectacle De la rue aux Jeux Olympiques nous fait justement prendre conscience de toute l’histoire du breaking. Avez-vous mené des recherches pour créer le show ?

Je connais cette histoire sur le bout des doigts, mais c’était un apprentissage pour les plus jeunes. C’était plutôt amusant de travailler sur les origines du mouvement, regarder les vidéos d’anciens, voir comment les mouvements ont évolué… et les tenues aussi !

C’est une danse qui évolue toujours ?

On essaie de la faire évoluer. Même si on est une des compagnies qui tournent le plus dans les théâtres, rien n’est gagné, il y a toujours du travail. Je dirais qu’on est tolérés, mais pas toujours acceptés. C’est donc un vrai défi !

Ça a été difficile de faire rentrer le breakdance dans les salles de spectacle ?

Dès le début, les gens ont eu du mal à comprendre notre démarche : comment pouvait-on être dans des championnats du monde le week-end, et enfermés dans des théâtres la semaine pour nos créations. Pourtant, l’un est indispensable à l’autre ! En création, on préparait aussi nos combinaisons pour les championnats. Et la prise de risque de la compétition nous a permis de toujours garder un certain niveau d’exigence et de qualité. Aujourd’hui le crew participe moins aux compétitions, car elles sont plus souvent individuelles que par équipes. Et c’est dans la création, avec l’écriture, la dramaturgie, la conception chorégraphique, qu’on retrouve une manière de nous exprimer collectivement, en équipe. L’ADN des battles reste au cœur de notre travail.

Et vous n’avez pas envie d’en changer ?

C’est notre force ! On est dans l’esprit battle, mais en suivant aussi les évolutions de la danse contemporaine. Il faut avoir l’intelligence d’évoluer. C’est ce qui nous permet de travailler avec le ballet de l’Opéra de Lyon par exemple. Evoluer permet de durer.

 

Rendez-vous le 18 septembre 2024 à l’espace Jean Cocteau de Monts. Réservation en ligne 

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