L'interview de Mario Luraschi

Publiée dans le Prog! n°189 mars 2022

« Je suis un grand verni de la vie ! »

Le cavalier, dresseur et cascadeur équestre présentera en Touraine son spectacle Fascination en mars. Avec 50 ans de carrière, hors de question de partir à la retraite !

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans ce spectacle ?

Ce sont mes producteurs qui sont venus me trouver. Je vous avoue que je suis à chaque fois surpris et heureux de voir que le public peut s’intéresser à moi. C’est pour cela que je débute le spectacle en remerciant les spectateurs d’avoir fait le déplacement. Je sais que je propose un travail de qualité dans mon métier, sinon je n’aurais pas fait cette carrière, mais les cascadeurs que nous sommes sont plutôt habitués à rester dans l’ombre. Nous fabriquons les héros, en restant loin des projecteurs.

Et cela vous convient ?

Mon but a toujours été de mettre en valeur le comédien. Tant qu’il ou elle peut se préparer correctement et évoluer en toute sécurité, je n’interviens pas. J’entre en jeu en tant que cascadeur seulement quand c’est dangereux. Je travaille par exemple en ce moment avec François Civil et Romain Duris, pour le nouveau Trois Mousquetaires réalisé par Martin Bourboulon. François Civil m’a demandé s’il pouvait apprendre à monter à cheval : je l’ai prévenu qu’il allait en baver ! Mais il a joué le jeu, et il réalise la plupart de ses cascades, en dehors de la voltige, où mon fils est sa doublure.

Vous lui avez transmis votre passion ? Transmettre votre art est important pour vous ?

J’ai passé ma vie à former des gens ! Je pense qu’environ 60% des cavaliers de spectacles équestres en France sont passés par chez moi. Mais ce qui fait notre force à tous, c’est notre capacité à trouver et développer les qualités d’un cheval : je ne suis qu’un entraîneur, qui va révéler son potentiel. C’est le cheval qui au final accomplit la performance, nous ne sommes que des guides.

Est-ce qu’un cheval ne peut travailler qu’avec un seul cavalier ?

Il y a deux types de chevaux : le cheval tolérant, comédien, qui va tout faire, tranquillement. Et il y a le cheval de performance, le cheval de cascade, qu’un seul cascadeur va monter (ou deux à condition qu’ils aient le même tact, les mêmes techniques).

Et après 50 ans de carrière, quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Je suis un grand verni de la vie ! Je fais partie des chanceux qui ne changerait pas grand-chose à leur vie si je devais la reprendre au début. Si je pouvais avoir exactement la même vie, je ne cracherais pas dessus : c’est extraordinaire de pouvoir se dire ça !

La retraite est un gros mot pour vous ?

C’est un mot qui n’existe pas pour moi, puisque mon travail, c’est ma passion ! Avec la femme que j’ai épousée, beaucoup plus jeune que moi mais qui partage la même passion, nous vivons cheval, nous pensons cheval 24h/24. Si vous n’aimez pas les chevaux, ça vous paraît barbant, mais pour nous, c’est le paradis ! Et on arrive à en vivre, ce qui n’est donné à tout le monde. Mener cette vie, avec 70 chevaux et une équipe à gérer, ça me coûte cher, donc je ne serai jamais riche à millions. Mais je m’en moque. A quoi cela sert-il d’être richissime si on n’a pas de passion ? Vous vous ennuierez, avec ou sans argent. Je préfère avoir un cheval au crin sublime, me balader au Rocío en Espagne et manger des tapas, pour me sentir comme un roi même si je ne suis qu’un gueux.

Le spectacle que vous proposerez en Touraine, Fascination, raconte-t-il une histoire ?

Il y a un fil conducteur, qui débute avec une introduction par deux comédiens-cascadeurs de l’équipe qui ont du bagout. Ensuite les tableaux s’enchainent : en plus de deux numéros exceptionnels par mon épouse, Clémence Faivre, sur l’entente homme-cheval, nous reproduisons en live ce qu’on fait d’habitude pour le cinéma.

Et combien de chevaux sont en piste ?

18 chevaux, 14 cascadeurs, et 7 palefreniers, sans compter tous les à-côtés, comme la préparation du sable. On ne gruge pas le public ! Et j’ai hâte de revenir en Touraine, c’est un plaisir car on a tourné de nombreux films en Touraine et en Anjou. Et c’est une région d’élevage intéressante aussi.

 

« Fascination » Le 13 mars 2022 au Parc Expo, Tours. Résa. www.az-prod.com.

Pour en savoir plus sur Mario Luraschi : www.luraschi.com

Interview publiée dans le Prog! n°189 mars 2022

 

credit photo ©Pascal Ito

Voir aussi