Magma est un groupe mythique ! On s’arme donc de respect et de curiosité pour papoter avec Christian Vander, batteur, compositeur et fondateur du groupe.
LA QUESTION :
Quand on écoute Magma, difficile de comprendre les paroles. Normal, c’est du kobaïen, la langue de Magma. C’est pour laisser la priorité à la musique ?
Vous n’êtes pas loin... Ce sont des sons reliés à la musique, qui me viennent au moment de la composition. D’une chanson à l’autre, certains mots reviennent, mais c’est instinctif... Et puis cela a aussi un intérêt pour le public : les spectateurs japonais ne seront pas rebutés par le fait qu’on chante en français par exemple. Chacun peut aussi projeter du sens, imaginer ce qu’il veut, en toute liberté.
LE QUESTIONNAIRE
Dernière chose que vous faites avant d’entrer en scène ?
On n’a pas de règle. En ce qui me concerne, je me détends et je me prépare. J’évite les débordements, les plaisanteries, pour rester concentré sur ce que j’ai à faire.
Pour écouter de la musique, plutôt CD, vinyle ou plateformes en ligne ?
Pas de plateformes, mais ensuite CD ou vinyle, je vais surtout au plus pratique, donc souvent c’est un CD. Même si avec le CD on a perdu la pate, la chaleur du vinyle.
La star de votre enfance ?
John Coltrane, que j’écoutais dès l’âge de dix ans, j’ai suivi toute sa progression, sa musique m’a nourri.
L’INTERVIEW
Le groupe a évolué en plus de cinquante ans de carrière. Qu’est-ce qui fait que c’est encore aujourd’hui Magma, il y a un esprit Magma ?
La musique. Elle est différente, car elle n’est pas à la mode. Elle n’est pas influencée par les courants, quels qu’ils soient.
Même pas de digestion de ces cours musicaux ?
Disons qu’on passe au travers, il y a des choses qui se transmettent, consciemment ou non. Mais notre musique est totalement originale, elle n’est pas ancrée dans une époque, on ne peut pas la situer et dire que ça ressemble à une période ou à une autre. L’idée est de se surprendre à la composition, et de surprendre le public.
Un ami (Doc Pilot) décrit les concerts de Magma comme une expérience qui fait vibrer le corps, au sens propre. C’est ce que vous recherchez ?
On aimerait qu’elle soit comme ça, que ce soit une musique qui nous pénètre. Mais attention ça ne veut pas dire que c’est une musique effrayante ! C’est seulement de la musique. Est-ce qu’on dit que Debussy se démode ? Non, c’est juste Debussy. Eh bien en restant modeste, Magma, c’est Magma.
Vous jouez sur scène des morceaux qui ont parfois quelques décennies, ça ne vous donne pas envie de les transformer ?
On a parfois essayé de changer deux ou trois choses, mais en général ça ne bouge pas trop, à part notre interprétation ou le tempo. Les mélodies, elles, ne changent pas. Évidemment, si on joue en formation groupe avec nos choristes, ou avec un orchestre philharmonique et ses cuivres et ses
cordes comme on a pu le faire récemment à Monaco, les arrangements sont différents… mais la musique, au fond, reste la même.
Magma a toujours eu ce statut hors-norme. Vous êtes même reconnu par des groupes métal, on vous a vu au Hellfest. Comment vous le vivez ?
Cela me surprend autant que vous ! Peut-être car notre musique est assez mélodique ?
Pourtant vous êtes batteur, ce n’est pas un instrument connu pour ses mélodies…
Oui et parfois je me demande pourquoi je suis batteur. Mais l’important c’est que j’ai trouvé ma place, entre la percussion et la batterie. Pour composer, c’est piano-voix par contre.
Magma en concert le 25 mars à l’Espace Malraux