Pont de Tancarville, pont d’Avignon, pont de Brooklyn, ou pont Wilson plus près de chez nous… La mission semblait simple, jusqu’à ce qu’on réalise que la petite histoire des ponts n’avait rien à voir avec les ouvrages architecturaux qui nous permettent de passer d’une rive à l’autre… enfin, si, un peu quand même.
Remontons aux origines, c’est-à-dire pas bien loin. Car pour parler de « pont » lorsqu’il s’agit de caler un jour de congé entre un week-end et un jour férié, ça suppose que les jours de congés existent. Or c’est une invention assez récente. Pour les congés payés, c’était en 1936 (le gouvernement du Front Populaire, pour tous les fortiches en Histoire), même si au XIXe siècle quelques rares professions bénéficiaient déjà de jours de congés.
Attention cependant si vous lisez des romans et autres publications des XVIIe, XVIIIe, XIXe siècle… A l’époque, « faire le pont » peut tout simplement signifier « aider quelqu’un à surmonter une difficulté » (dixit le dico du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, notre site web de chevet). L’expression liée aux congés serait apparue à la fin du XIXe siècle, avant de se populariser au fil du XXe.
Mais après tout, est-ce qu’on ne s’aide pas soi-même à surmonter les difficultés du lever matinal pour aller travailler lorsqu’on se prépare un pont de l’Ascension aux petits oignons, en posant comme jour de congé le vendredi (et peut-être le samedi) afin d’enchaîner quatre jours de semi-vacances ?
Car en ce mois de mai 2023, nul autre pont à l’horizon : le 1er mai, fête des travailleurs née à la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis, tombe un lundi. Et le 8 mai, armistice de la seconde guerre mondiale, connaît le même sort. De beaux weekends de trois jours, qu’on ne peut pas appeler « pont ». Il ne nous reste donc que le solide Jeudi de l’Ascension pour bâtir la première pile de notre pont printanier, la deuxième étant le week-end qui suit, pour ériger un pont de toute beauté, qu’il n’y a plus qu’à enjamber pour quelques jours de repos bien mérités !
