Publié dans le PROG n°213 de Juin 2024
La prochaine fois qu’on vous reproche de prendre l’apéritif avant un barbecue cet été, répondez que vous respectez là une ancienne tradition, qui avait plus trait à la santé qu’à la bonne chère. C’est grâce à l’historien Didier Nourrisson qu’on vous a concocté cette petite histoire à savourer sans modération.
Notre apéritif actuel, qui consiste en un petit rituel bien dosé – boire un petit verre d’alcool avant de s’attabler – remonte au XVIIIe siècle, même si quelques pratiques antérieures ont été documentées. A l’époque, l’apéritif est un médicament ! Issu du latin aperire (qui signifie ouvrir), l’apéritif n’ouvre pas l’appétit, mais l’organisme (pores, cellules et autres organes qui recevront la nourriture). Il est donc composé de décoctions de plantes et d’épices variées. Dans les Alpes, c’est l’absinthe, la gentiane ou l’anis qu’on distille dans de l’alcool. En Italie les premiers vermouths des marques Cinzano ou Martini ont du succès.
Mais c’est à la fin du XIXe siècle que l’apéritif devient un rendez-vous populaire. Joseph Dubonnet crée le « vin de quinquina », qui va servir d’antipaludique aux légionnaires partis en Afrique. C’est à la même époque qu’est créée la maison Pernod (maison-mère du Ricard), autour d’un breuvage à l’absinthe. Petit à petit, le rituel lié à la santé devient un moment de convivialité. Et pour enlever le goût amer qu’on associe volontiers au médoc’ difficile à avaler, on ajoute du sucre, et le tour est joué !
Pendant que le petit peuple découvre les joies de l’apéro, les grands de ce monde se mettent au mélange, le fameux cocktail. On est alors au début du XXe siècle, le degré d’alcool a augmenté, le taux de sucre aussi, et plus personne n’a en tête sa santé (à part pour prononcer ce mot au moment de trinquer). Aujourd’hui, attention : l’alcool est à consommer avec modération, et un virgin apéro est tout aussi sympa.
