LA PETITE HISTOIRE… DE LA PAGODE DE CHANTELOUP
On vous dit « pagode », et vous pensez Asie et Mystères de Pékin, le jeu de société de votre enfance. Pourtant, pas besoin de traverser la planète pour découvrir une pagode toujours debout : direction la pagode de Chanteloup !
Elle n’a d’asiatique que le nom et l’inspiration, car l’architecte qui l’a conçue était bien de chez nous. Plutôt mal parti dans la vie avec plusieurs échecs au fameux Prix de Rome, Louis-Denis le Camus est tout de même remarqué par le duc de Choiseul, chef du gouvernement du roi Louis XV (pas de panique, on vous situe tout ça : on est dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle). Grâce à Choiseul, voilà Camus qui mène des travaux pour l’Etat, mais aussi pour le, propriétaire du château de Chanteloup dès 1761. Il s’y installe en 1770 après sa disgrâce. Le duo transforme ce château érigé seulement quelques décennies plus tôt : agrandissements, chapelle et « pavillon des bains », jardins… et la pagode, évidemment !
A l’époque, les « chinoiseries » sont à la mode. Une pagode, ça a le chic pour donner un côté exotique et luxueux à des jardins déjà magnifiques ! Mais si on y regarde de plus près, pas grand-chose d’asiatique dans ce que Choiseul a pensé comme un monument d’hommage à ses amis fidèles, qui ne l’ont pas lâché quand Louis XV l’a rejeté. En 44 mètres de haut, 149 marches et 7 étages, Choiseul et Camus marquent de leur empreinte le paysage amboisien.
A la mort de Choiseul, le domaine de Chanteloup passe de main en main, et atterrit dans celles de Chaptal. Ce ministre de Bonaparte et scientifique aurait inventé ici la manière de fabriquer du sucre à partir de betteraves. Mais après lui, le domaine est séparé : d’un côté la pagode, pour le duc d’Orléans qui l’achète en 1823, en même temps que la forêt environnante, d’un autre le château pour des marchands de biens qui vendent les meubles… et les pierres, en démolissant la bâtisse ! Voilà qui explique pourquoi cette pagode se dresse seule aujourd’hui face au bassin en demi-lune, point culminant d’un beau parc… A visiter à partir du 17 mars !
