La Petite Histoire… de la bise
Faire la bise à tata Josette, faire la bise aux vingt personnes arrivées avant vous à cette fête, faire la bise aux collègues de bureau qui arrivent au compte-goutte le matin… Savoir si c’est 2, 3, ou voire 1 dans le Nord de la France, s’il faut commencer par la gauche ou par la droite… Franchement, il y a un an, la bise, on en avait plein les bottes. Et puis là, en 2021, on ne dirait pas non à cette dose de contact humain. D’autant que cette bise ne date pas d’hier, alors sauvegardons les traditions, non ?
D’ailleurs, si aujourd’hui on fait la distinction entre baiser sur la bouche, réservé aux amoureux, et bise sur la joue, pour les proches, il n’en a pas toujours été ainsi. Dans l’Antiquité, c’était un peu « dis-moi où je pose mes lèvres, et je te dirai si nous sommes égaux » : baiser sur la bouche entre hommes du même rang, et sur la joue pour signifier la supériorité de l’un sur l’autre. Bonne ambiance si on pensait être à égalité et qu’on se prend un piou sur la joue…
Au Moyen-âge, même rengaine, et le baiser ou la bise, c’est forcément un truc de mecs, puisque la femme étant forcément mineure, elle n’est pas sur un pied d’égalité avec ces messieurs. Donc pas de bisou protocolaire pour elle ! Ce n’est qu’à la Renaissance que le baiser acquiert une dimension affective. On embrasse alors la famille ou les amis.
On le voit, au fil du temps, le baiser et la bise évoluent fortement. Ainsi au XIXe siècle, on ne se fait la bise qu’entre femmes. Une femme qui fait la bise à un homme ? Cela date des années 1970, et la bise entre hommes hors du cercle familial n’a que quelques années !
Alors pourquoi continuer à faire la bise ? Pour les sociologues spécialistes de la question, faire la bise, c’est montrer qu’on fait partie du même groupe, c’est le petit rituel d’appartenance. Mais si vous préférez faire un check du coude à vos collègues de travail et que tout l’open-space est partant, allez-y ! C’est le moment de faire bouger nos codes sociaux pour les allergiques à la bise !
PHOTO Hans Braxmeier de Pixabay
Article publié dans le PROG ! nº176-177 de janvier-février 2021.
