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©Marie Pétry

L'interview de JACQUES VINCEY

Publiée dans le PROG n°203 de Juin 2023

« Vingt ans, c’est un bel âge ! »

A la fin du mois de juin, le Tº fête ses vingt ans, et Jacques Vincey ses dix ans de direction du Centre Dramatique National de Tours, qu’il quittera dans quelques mois. Demandez le programme ! 

Ces vingt ans, c’est un tournant ? 

Ce sont en effet les vingt ans de la construction du bâtiment, c’était à l’époque les dix ans de direction de Gilles Bouillon, mon prédécesseur à l’origine du projet ; et ce sont cette année mes dix ans de direction. Donc c’est un carrefour, et vingt ans, c’est un bel âge ! Un âge à fêter joyeusement, parce que c’est un très beau théâtre ! Je loue mes prédécesseurs, Gilles Bouillon et les partenaires qui ont rendu possible la construction de ce théâtre à la place d’un ancien cinéma, en cœur de ville, une vraie chance ! 

Et comment va-t-on souffler les bougies du Tº ?

Nous organisons une soirée anniversaire le vendredi 30 juin, soirée pour laquelle nous avons demandé à la photographe Marie Pétry (qui nous accompagne depuis plusieurs années et avait auparavant travaillé à la billetterie du théâtre) de réaliser un documentaire de 25 minutes sur l’histoire du Tº. Le film mélange des images d’archives, des photos prises au fil de ces dix ans, et des rencontres de spectateurs et spectatrices. Ce film voit le jour grâce au soutien de nos partenaires (la DRAC, la Région Centre Val de Loire, la Métropole) qui seront présents ce soir-là pour dire quelques mots.

Ça c’est le temps officiel, il y aura d’autres rendez-vous ?

Avant et après cela, le vendredi après-midi et le samedi toute la journée, tous les espaces du théâtre seront ouverts au public. Sur le modèle de l’événement « Théâtre à tous les étages » que j’avais organisé à mon arrivée, les spectateurs pourront se balader partout, de mon bureau jusqu’aux toilettes du sous-sol en passant par les dessous de scène ou le local costumes. Et dans chaque lieu, la quarantaine d’artistes qui a travaillé avec nous ces dix dernières années feront des propositions artistiques de quelques minutes. L’idée est de réinsister sur l’ouverture du lieu au public, et permettre à tous de voir comment ça vit, un théâtre.

 

Une vidéo de Marie Pétry, série « En aparté »

Votre objectif en arrivant était de faire du Tº une maison vivante, ouverte sur l’extérieur : objectif atteint ?

On peut toujours aller plus loin, d’autant que j’ai une nature à n’être jamais satisfait de là où j’en suis ! Mais objectivement, et d’une manière réaliste, je suis plutôt heureux et fier de ce qui s’est passé depuis dix ans. J’aime parler d’un terreau, parce que je crois qu’au fil de ces dix années le Théâtre Olympia a acquis une reconnaissance et notoriété en termes de jeune création ; c’est comme ça aussi que je considère ce lieu, un lieu-ressource où on fait tout pour que les artistes aient le plus de nourritures intellectuelles (discussions, échanges, parfois frictions, toutes créatrices), et des nourritures aussi financières, pour donner les moyens à ces artistes de se conforter dans leur premier geste. C’était l’objectif du statut d’artiste associé. Associés pour une durée de deux ou trois ans, ces artistes au début de leur parcours ont pu grandir en passant au Tº. 

Caroline N’Guyen vient d’être nommée au Théâtre National de Strasbourg, elle a joué ses spectacles à Avignon et à l’étranger, avec une reconnaissance internationale méritée. Mohammed El Katib avec une esthétique très différente a lui aussi un très beau parcours… Chacun a son esthétique, et ces choix d’esthétiques différentes m’ont aussi nourri artistiquement, en m’amenant à découvrir des univers parfois très éloignés du mien. Tout cela sans parler des jeunes comédiens de l’ensemble artistique, les JTRC (Jeune Théâtre en Région Centre) qui pendant deux ans travaillent avec nous, dans un bouillonnement de talent qui essaime un peu partout, y compris localement puisque certains restent constituer leurs compagnies ici.

 

Grammaire des mammifères, mise en scène de Jacques Vincey

Et comment trouvez-vous le temps de créer, mettre en scène avec ce travail de direction et de programmation ?

C’est le défi de ce type de postes ! Avoir la responsabilité d’un projet et d’une équipe, avec énormément de missions à assurer comme le travail avec les publics ou l’implantation sur le territoire. Garder un peu de cerveau disponible et d’imaginaire pour créer n’est pas toujours simple. Mais j’avais aussi envie, en me portant candidat, de connaître cette réalité, à une époque où je travaillais en compagnie. Cela marchait bien, on était souvent en tournée, avec un spectacle créé chaque année, mais je souhaitais me confronter à un public en particulier, pas à des publics différents d’une ville à l’autre. En montant Yvonne princesse de Bourgogne, je voulais me présenter à ce nouveau public qui allait accompagner le Tº. Et la direction permet aussi d’être en contact avec les pairs, les collègues, de découvrir leur travail. En accueillant chaque équipe sur une semaine, on a le temps d’échanger, de se rencontrer, ce qui est très nourrissant. Beaucoup de boulot, mais beaucoup de positif ! 

Et après le Tº, il y aura quoi pour vous ?

À la fin de ce cycle riche dense et très heureux, j’ai envie de repartir dans un autre cycle, mais pas forcément cycle de direction. J’ai besoin de retrouver du temps pour moi en tant qu’artiste. Temps de lecture, d’errance, de maturation, donc je retourne en compagnie. J’ai des projets sur les années à venir, et ma compagnie doit trouver un camp de base, je suis en recherche d’un tel lieu en région Centre Val de Loire. Pas à Tours, parce que je pense qu’il faut prendre un peu de champ, pour laisser place à une nouvelle aventure. C’est en tout cas comme ça que j’essaie de penser cette fin de mandat, malgré la mélancolie à chaque dernière fois que je vis. C’est beaucoup d’émotions, et J’essaie de positiver avec cette nouvelle page qui va s’écrire. Pour l’instant c’est juste une page blanche, avec quelques lignes de force. 

Rendez-vous les 31 juin et 1er juillet pour les vingt ans du Tº - www.cdntours.fr.

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