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L'interview de WALY DIA

Publiée dans le PROG n°197 de Décembre 2022

« On est tous crispés sur les mêmes trucs »

Avec son spectacle « Ensemble ou rien », l’humoriste Waly Dia apporte sa petite pierre à l’édifice de la cohésion sociale. 

 

C’est compliqué d’être ensemble aujourd’hui ?

C’est pas que c’est compliqué, c’est qu’il n’y a plus le choix ! On est arrivé au bout de la division, la machine à fracturer la société a bien marché. Et on est maintenant au pied du mur : soit on arrive à se regrouper, soit on se jette tous ensemble joyeusement du haut de la falaise.

Et le rire est une des solutions ?

C’est une amorce. Mais si on compte sur les humoristes pour tout réparer, on n’est pas sortis ! Mais ça fait partie des traits d’union. Après, il va falloir voir aussi pour qui on vote. Ça dépasse le monde des blagues.

Et quels sujets sont pour vous facteurs de division ?

J’ai demandé aux gens, c’était plus simple ! J’ai fait une tournée en 2018, en impro, et je leur ai demandé ce qui les préoccupait, ce qui les angoissait, les sujets sur lesquels ils sentaient des tensions. Et je me suis rendu compte que les endroits où ça coince, c’est les même partout. Peu importe l’âge, la classe sociale, le lieu, on est tous crispés sur les mêmes trucs, on n’est pas si différents que ça les uns des autres.

Et c’est quoi ces trucs alors ?

C’était avant le covid, et au début de #metoo. Cette question était très présente, pour les femmes qui avaient besoin de sentir que la parole se libérait, et pour les hommes qui cherchaient leur place. Il y a eu aussi beaucoup de choses sur l’immigration ou l’lslam, car ce sont des contrefeux incroyables qu’on nous sort pour expliquer la situation, et nous empêcher de voir ce qui se passe à côté. Je vous le dis, la machine à diviser a bien marché… 

Et vous avez mouliné tout ça avec votre co-auteur pour en faire un spectacle…

Je travaille avec Mickaël Quiroga depuis des années (dans ce métier on n’est jamais vraiment seul). C’est toujours intéressant de discuter avec quelqu’un qui est d’accord ou pas, qui nous oblige à argumenter nos idées.

 

Il est là aussi pour vos chroniques sur France Inter ?

Il est sur tout ! Les chroniques, le spectacle, même mes SMS !

 

Est-ce que cet exercice des chroniques radio a modifié votre manière de travailler, d’écrire, de réfléchir ?

On grandit forcément avec ce genre d’exercice. On traite des sujets sur lesquels on n’a pas autant de recul que sur scène, et les gens qui nous écoutent n’ont pas payé pour ça. Ils rentrent peut-être du bureau, hyper énervés ! Ça m’a permis d’acquérir aussi une autre légitimité et d’aller encore plus loin dans mes réflexions.

Mais pourquoi vous parlez si vite dans ces chroniques ?

Parce que j‘ai que 3 minutes et beaucoup de choses à dire ! Mais ça fait partie aussi de mon style : proposer une chronique où on en prend plein la gueule, et si on veut la réécouter, on peut. C’est quelque chose qui dure, qu’on peut réécouter car on sait qu’on va peut-être louper certaines choses à la première audition, ou repérer des références. Je suis super flatté que les gens me disent parfois qu’ils écoutent deux ou trois fois la chronique pour aller au fond du sens de ce que je raconte. 

 

Radio, seul en scène, vous êtes aussi passé par le Jamel Comedy Club ou l’émission de Laurent Ruquier (On n’demande qu’à en rire), vous avez tourné dans des séries… Dans tout ça il y a une piste que vous aimeriez approfondir ?

J’ai eu la chance de toucher à tous ces aspects du métier, là j’ai la chance de pouvoir développer mes propres projets, qui vont plus me ressembler, je vais pouvoir faire ce qui m’anime, moi. Et j’en profite, car je ne suis pas à l’abri demain d’aller élever des pingouins, c’est tendu ! Il faut que les gens aient encore les moyens de consommer du spectacle, et c’est de moins en moins le cas. Donc j’ai la chance de faire une belle tournée, et j’ai le temps, je ne suis pas dans l’urgence d’avoir besoin de faire des choses, donc j’en profite. 

Ça veut dire quoi « un projet qui vous ressemble » ? Il y a vos qualités et vos défauts ?

Allez, comme dans un entretien d’embauche : mon défaut c’est le perfectionnisme ! Mais la radio m’a appris par exemple à lâcher des choses avec moins de recul, où ce n’est pas encore mûr. Je commence à appliquer ça un peu plus, à moins me prendre la tête. Je ne suis pas si important que ça, si je me plante ce n’est pas la fin du monde. J’arrive à trouver ce lâcher-prise sur mes projets aujourd’hui. Je m’amuse vraiment à faire mon métier, et ça c’est essentiel et ça n’est pas toujours le cas chez les humoristes. 

Puisqu’on approche de Noël, on joue les curieux : vous avez mis quoi dans votre lettre au Père Noël ? 

Comme miss France, la paix ? Honnêtement j’ai la chance d’être à un moment de ma vie où, matériellement, je n’ai besoin de rien. Pas parce que je suis blindé, mais parce que je suis passé au-delà de ça. J’aurais besoin plutôt de sérénité, mais ça ne s’achète pas, ça se construit. 

Et vous travaillez dessus ? Comment gagner en sérénité ?

Ça vient surtout de ce que tu fais aux autres, comment tu les traites, tu les respectes, ce que tu donnes. Et plus tu fais ça, plus tu acceptes tes mauvais côtés… Je me dis « au moins j’équilibre », je suis au neutre, je n’emmerde pas le monde. 

 

En spectacle au Palais des Congrès de Tours le 14 janvier 2023 – www.az-prod.com

A suivre sur www.walydia.fr 

 

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