Le rock festif des années 90-2000 est toujours vivant ! La preuve ? L’album et la tournée de Marcel et son Orchestre. On en parle avec le chanteur, Franck.
LA QUESTION
Marcel & Son Orchestre, pour nos jeunes lecteurs, on peut dire que c’est un groupe marrant- sérieux ?
J’ai toujours pensé qu’il n’y avait pas de chanson gratuite ! Même une chanson d’amour peut être de gauche ou de droite. Tenez, «Je vais t’aimer» de Sardou, c’est une ode au virilisme, à des kilomètres de «Ma môme» de Ferrat. Il n’y a pas de chanson innocente, mais pour éviter le côté politique qui
peut être chiant, contourner le manichéisme, surtout qu’en trois minutes on fait pas thèse-antithèse-synthèse, la solution c’est l’humour.
LE QUESTIONNAIRE
Dernière chose que vous faites avant d’entrer en scène ? On est des pudiques donc je crois que si l’un de nous avait un rituel on se moquerait un peu de lui. Juste quelques étirements, de la concentration, et je m’échauffe pour arriver sur scène avec de l’énergie.
Pour écouter de la musique, plutôt CD, vinyle ou plateformes en ligne ? J’achète des vinyles, je le faisais déjà gamin en braderie. Sortir le disque, le poser sur la platine, la lancer : avec le vinyle, écouter de la musique redevient une activité, un moment qu’on lui consacre. À l’opposé du flux continu des plateformes.
La star de votre enfance ? Bruce Lee !
L’INTERVIEW
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous relancer dans la composition pour sortir un nouvel album ?
Le groupe s’était arrêté en 2012, après presque vingt ans sur les routes, à 200 jours par an de concerts… On était usés, et on arrivait plus à composer. Donc plutôt que se fâcher on s’était arrêtés. On ne s’est pas vus pendant cinq ans ! Finalement après quelques années, on s’est réunis pour fêter le départ d’un copain pour La Réunion, on a fait un concert privé, ça nous a redonné envie de jouer ensemble. On a assuré quelques mois plus tard une date à Lille, les places se sont vendues en quelques heures… On a regardé nos agendas, on a vu qu’on pouvait assurer dix-huit concerts l’année suivante. On ne voulait pas repartir sur un rythme effréné, d’autant qu’on avait nos projets en parallèle. On ne voulait plus que ce soit notre seule source de revenu, on le faisait pour le plaisir. Finalement on est allés jusqu’à faire un Olympia en 2020, juste avant le covid. Et j’ai commencé à réécrire un peu pendant le covid, j’ai proposé des choses aux copains. Il n’y avait pas d’enjeu car avec un catalogue de 150 titres on pouvait piocher et varier nos concerts. Mais on a commencé à composer, on a rechaussé les costumes, avec un grand plaisir ! Et l’actualité nous donnait de la matière !
Au point de sortir un album cette année, C'est pas à vous qu'ça m'arriverait. Certains artistes hésitent à arrêter les albums, ça prend du temps, de l’argent, et les plateformes ne favorisent pas cette écoute au long cours. Et vous ?
J’y suis attaché. Un album c’est le reflet d’une période de réflexion. Dans un livre il y a des chapitres, dans un album il y a des chansons. Faire une chanson et la mettre instantanément en circulation, pourquoi pas, mais j’aime bien l’idée de la laisser un peu mûrir, de laisser reposer les idées, de
prendre du recul. Des fois on se rend compte que c’était juste drôle sur le moment, entre copains, alors on se demande si ça parle à tout le monde.
Vous êtes presque tous là depuis les débuts du groupe. Plus tout jeunes…
Je ne me pose pas la question comme ça. On avait croisé une fois Claude Nougaro en festival : il nous disait « quand je monte sur scène je perds vingt ans ». C’est peut-être vrai, la scène est galvanisante. Ce qui est chiant, c’est faire la route d’un concert à l’autre !
Et rejouer toujours les mêmes tubes, c’est pas usant ?
C’est sûr qu’on arrive avec nos treize nouveaux titres donc on a envie de les montrer au public. Et en même temps c’est normal que les gens aient envie d’écouter les chansons qu’ils affectionnent, on sait qu’il y a des incontournables !
Marcel & son orchestre au Bateau Ivre le 10 avril !
