Publié dans le PROG n°211 d'Avril 2024
« Chaumont vit toute l’année »
A l’aube de l’ouverture de l’édition 2024 du Festival International des Jardins de Chaumont, PROG ! s’est glissé en coulisses pour interroger sa directrice.
Chaumont, c’est le festival des jardins mais aussi une saison d’art contemporain et un château : le festival est la locomotive du domaine ?
En effet le Festival des jardins est celui à travers lequel on est le plus connu, c’est le plus ancien de nos événements. Mais Chaumont vit toute l’année, car c’est aussi un parc, des jardins et le château, une collection d’art contemporain très importante visible en permanence, avec une saison qui a débuté le 29 mars avec quinze nouveaux artistes dont les œuvres sont installées partout sur le domaine.
Le thème du festival des jardins est « Jardin source de vie » cette année, l’an dernier c’était « Jardin résilient », en 2021 « Biomimétisme au jardin »… La préservation de l’environnement fait partie des préoccupations du festival ?
Le festival des jardins est un lieu d’invention, de création, de formes différentes de jardins, de valorisations différentes des végétaux. Mais ça n’est pas pour autant qu’on ne peut pas se servir de cette inventivité mondialement reconnue pour évoquer des sujets qui sont importants. Avec « Jardin source de vie », l’idée est que les créations de ces paysagistes venus de France et du monde entier mettent en évidence l’importance des insectes, de la pollinisation, de l’eau, des fleurs, pour qu’on puisse préserver ce qui est fondamental, pour notre survie alimentaire. 80% des insectes ont disparu en trente ans ! On réfléchit donc à ces sujets, dans un contexte de poésie et de création. C’est une bonne manière de faire passer des messages essentiels.
Le festival ouvrira fin avril : quand a commencé sa préparation ?
Nous lançons un concours le 14 juillet de chaque année, nous recevons des dossiers jusqu’en novembre. Un jury d’une vingtaine d’experts se charge de sélectionner une trentaine de jardins, dont vingt-trois ou vingt-quatre verrons le jour. Les équipes se déplacent pour installer leurs jardins, puis nos équipes de jardiniers les entretiennent toute la saison.
C’est une équipe de combien de personnes ?
Quinze jardiniers permanents, pour entretenir les 3 hectares dédiés au festival mais aussi les 35 hectares du domaine. C’est un travail considérable, où la qualité prime.
Chaumont-sur-Loire c’est aussi une saison dédiée à l’art contemporain…
En tant que commissaire des expositions, j’invite des artistes, je réfléchis avec eux à l’œuvre proposée, son positionnement dans le domaine. Trouver la juste place c’est important, on dialogue beaucoup avant d’aboutir à la présence de l’artiste et son ou ses œuvres à Chaumont. Avec toujours comme fil rouge l’art et la nature.
Il y a des temps forts cette année lié à l’art contemporain ?
On a une grotte du grand artiste Miquel Barceló qui vient s’ajouter comme une folie supplémentaire dans le parc historique. Gloria Friedmann, connue dans domaine art contemporain, réfléchit sur les relations entre Homme et environnement. Pascale Marthine Tayou, artiste d’origine camerounaise, installe dans une grange des lustres extraordinaires, composés de matériaux recyclés… Je ne peux pas tous les citer, ils sont quatorze, qui s’ajoutent à la collection permanente d’art contemporain. « Art contemporain » c’est une expression qui peut effrayer, mais ce sont des œuvres qui épousent vraiment l’âme et l’esprit du domaine.
Vous qui dirigez maintenant Chaumont depuis 2007, vous souvenez-vous de vos premières impressions sur le domaine ?
J’aimais déjà beaucoup le festival des jardins. Je me souviens d’avoir été impressionnée par la vue fabuleuse sur la Loire, un paysage intouché depuis des siècles... On dit toujours que Chaumont, c’est une sorte d’utopie artistique, de lieu où on vient oublier les rumeurs du monde, se ressourcer, s’inspirer, respirer aussi… et on en a besoin aujourd’hui.
Et vous avez un autre jardin secret, rien qu’à vous, en Touraine, où vous aimez vous ressourcer ?
Les bords de Loire. Je suis folle de la Loire ! De ses couleurs, de ses violets, mauves, ses orangés le soir au moment du soleil couchant… Je ne m’en lasserai jamais.
