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L'interview de Bruno Putzulu

Publié dans le PROG n°191 de Mai 2022

« L’un des plus beaux textes sur l’enfance »

Le comédien sera à Tours pour jouer Les Ritals. Une pièce qu’il a adaptée du roman de Cavanna, dont il nous dit quelques mots.

Entre vous et Cavanna, il y a quelques décennies de différence : qu’est-ce qui vous a séduit dans ce texte ?

Comme Cavanna, ma mère est française et mon père italien. Je me suis lancé dans ce projet au moment où j’ai perdu mon père, c’était une manière de le retrouver. Mais ce qui m’a le plus donné envie d’adapter le roman, c’est le sujet universel qui le traverse : l’enfance. C’est l’un des plus beaux textes sur l’enfance qui existe. Cavanna raconte sa jeunesse, les 400 coups avec ses copains de Nogent-sur-Marne, sa relation privilégiée avec son papa, son émotion quand il met sa petite main de gamin dans celle de son père, abîmée par son métier de maçon, la fierté du père quand son fils est premier de la classe et au catéchisme… Cavanna n’était pas que la grande gueule qu’on voyait à la télé ou qu’on lisait dans Charlie Hebdo : il était aussi très tendre, et d’où qu’on vienne, son texte réveille en nous l’émotion de l’enfance.

Votre frère vous met en scène (avec l’accordéoniste Grégory Daltin) : c’est simple de travailler en famille ? 

Même s’il m’a donné la réplique pour mon entrée au conservatoire de Paris et qu’il m’a aidé à devenir comédien, c’est la première fois qu’il me met en scène. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus simple car on se connaît parfaitement. On sait lire dans nos silences, sur nos visages, sans passer par les mots. Mais la preuve que cela s’est bien passé, c’est le résultat : le plaisir que nous avons à voyager ensemble avec cette pièce ! D’ailleurs nous travaillons sur nouveau projet pour la scène nationale de Belfort.

 

Nos lecteurs vous connaissent peut-être par votre rôle dans la série TF1 Ici tout commence. Comment êtes-vous arrivé sur ce feuilleton ?

Je n’ai pas hésité quand on me l’a proposé. Je n’avais jamais joué dans une série, et je conseille à tous les comédiens de faire cette expérience. C’est un gros travail, on apprend sur soi comme comédien, c’est intense, et le stress laisse vite place au plaisir. Je remercie les producteurs de me l’avoir proposée. 

Et comment choisissez-vous vos projets en règle générale ?

Comme au restaurant, on lit le menu et on se dit « tiens j’entrerais bien ». Pareil pour les projets : je lis le texte. Ça passe uniquement par le texte. Quelques fois, il n’y a pas de distribution, ou vous ne connaissez pas le metteur en scène ou le réalisateur. Godard disait c’est un pari qu’on fait de travailler ensemble. C’est toujours un pari. On ne peut pas tout anticiper. Donc c’est uniquement le rapport au texte, et la confiance en l’autre. Quand Tavernier ou Godard m’ont contacté, j’y allais les yeux fermés. Pareil pour le théâtre. Il y a aussi des jeunes générations que je ne connais pas vraiment ou qui ne me connaissent pas, ce serait bête de se priver de ces expériences. D’autant que souvent, les premiers films et les premiers projets sont emplis d’une telle envie que ce sont des expériences exaltantes et touchantes.

 

Avec le recul, quel regard portez-vous sur vos années à la Comédie Française ?

Je ne peux que remercier la Comédie Française et ses administrateurs de m’avoir fait confiance. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, je pleurais en passant devant, et aujourd’hui encore je suis toujours ému. J’y suis resté douze ans, c’est donc un lieu chargé de souvenirs, de relations humaines, d’expériences artistiques. C’est le premier théâtre qui m’a fait confiance quand j’ai débuté. J’y suis entré pour des figurations, puis des petits rôles. Mes premières fiches de paie m’ont permis de me loger à Paris, de ne plus faire les allers-retours Paris-Rouen. J’y ai connu des personnes formidables (Jean-Pierre Miquel, Jacques Lassalle, Catherine Hiegel et bien d’autres). Des personnes qui restent gravées dans ma mémoire. 

Vous êtes accompagné à l’accordéon par Grégory Daltin dans votre spectacle : vous avez une « chanson de chevet » ? 

Peut-être « Drôle de métier », par Johnny Hallyday. Un ami qui me manque beaucoup. Et cette chanson retranscrit bien la solitude de l’artiste : on est souvent seul dans ce métier, seul avec son texte, dans sa chambre ou dans sa loge en tournée, seul avec le trac…

C’est une solitude qui vous pèse ou que vous appréciez ?

Les deux ! Quand je ne l’ai pas, elle me manque. Et quand je l’ai, elle prend parfois trop de place. 

C’est seul en scène (au jeu, puisque Grégory Daltin est à la musique) qu’on retrouve Bruno Putzulu pour « Les Ritals », le 22 mai à la Comédie de Tours - www.comediedetours.fr 

L’actu de Bruno Putzulu sur www.facebook.com/bruno.putzulu 

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