Rencontre avec SARAH CHICHE,
pour son roman Aimer paru aux éditions Julliard
Suisse, 1984. Margaux, neuf ans, se jette dans les eaux glacées du lac Léman. Pétrifié, Alexis, son camarade de classe, la regarde sombrer. Henri, le père du garçon, plonge et sauve Margaux. Entre les deux enfants naît alors une complicité vibrante. Mais bientôt, Margaux disparaît mystérieusement, laissant Alexis avec un vide que rien ne comblera.
Quarante ans plus tard, tous deux se retrouvent par hasard. Lui, ancien consultant, a tout quitté, rongé par la culpabilité du scandale lié au Duroxil, un opioïde qui a ravagé l'Amérique. Elle, après une enfance dramatique, est devenue écrivaine, célibataire et heureuse de l'être, mais ses romans sont peuplés de fantômes. Entre eux, l'amour est intact, aussi brûlant qu'au premier jour. Mais aimer à cinquante ans, est-ce encore possible, quand un père se meurt, quand les enfants grandissent loin, quand le monde lui-même semble s'effondrer ?
De la Suisse de la fin du siècle dernier à la France des années 2020, en passant par l'Amérique où s’annonce déjà le retour de Donald Trump, Aimer dessine une fresque éblouissante sur ces instants où tout peut encore basculer. Un souffle de vie inouï traverse ce roman lumineux, sur la grâce des secondes chances, où l'amour devient ce courage insensé de croire à l'impossible.
Sarah Chiche est écrivain, psychologue clinicienne et psychanalyste.
La mélancolie est "le cœur littéraire" de son écriture et "un enjeu intellectuel et professionnel". Elle l’a explorée dans "Personne(s)", publié aux éditions Cécile Defaut en 2013, "méditation sur la mélancolie, le deuil, l’écriture et l’existence" à partir du Livre de l’intranquillité, de Bernardo Soarès, le semi-hétéronyme de Fernando Pessoa.
Elle la questionne dans "Le diable dans la peau", sa préface à un diptyque composé pour les éditions Payot, et rassemblant La Peau de Chagrin d’Honoré de Balzac et Un cas de névrose démoniaque au XVIIe siècle de Sigmund Freud. On lui doit également "Éloge de l’égarement", une préface à une traduction inédite des Trois essais sur la théorie sexuelle de Sigmund Freud, où elle propose une relecture de Freud, à la lumière de La Pianiste d’Elfriede Jelinek et du Clèves de Marie Darrieussecq, et "Éloge de la dévoration", une préface à une nouvelle traduction de La Confusion des sentiments de Stefan Zweig.
En 2015, Ethique du Mikado, son essai sur la question du mal dans le cinéma de Michael Haneke, paru aux PUF dans la collection "Perspectives critiques", bénéficie d’un accueil enthousiaste de la presse. Elle s’emploie à y "démonter les mécanismes de la machinerie du cinéma de Michael Haneke, les rouages de son univers fantasmatique, la logique interne de ses films, leurs références revendiquées ou inconscientes, leurs soubassements."
Découpé en soixante et onze fragments, comme un écho à l’un des films du cinéaste, "71 fragments d’une chronologie du hasard", Ethique du Mikado se propose de réfléchir à la manière dont les images du cinéma peuvent nous servir d’école morale, et comment la confrontation à la mise en scène d’un mal radical pour lequel nous sommes tous potentiellement disponibles, non pas en tant que victimes, mais bien en tant qu’agents, peut paradoxalement nous inciter à agir mieux que bien.
Elle fait une apparition dans le film de Michael Haneke, Happy end.
Sarah Chiche a également publié, plus jeune, deux romans aux éditions Grasset. L’inachevé, en 2008, pour lequel Le Monde des livres a parlé "d’écriture sous électrochocs", et L’emprise, en 2010.
Elle écrit régulièrement pour Le Cercle Psy et Le Magazine littéraire. (Babelio)
Photographie Sarah Chiche - Hermance Triay @Editions du Seuil
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