Sur le papier la plage... Bertrand Cardon
Très tôt, j’avais seize ans, j’ai hérité de mon grand-père un appareil 6x6 bi objectif. Qu’en faire ?
La curiosité m’a poussée à le comprendre et l’utiliser. Avec la magie du viseur dépliable où un nouveau monde inversé se donnait à voir pour être enregistré sur pellicule.
Et puis l’attente du développement négatif, puis de possibles tirages positifs qui révélaient une autre vision du monde à travers mon œil et mes cadrages.
Il n’en fallait pas plus pour que tout ce qui bouillonnait en moi et cette période d’adolescence et d’affirmation de soi s’approprie ce médium en plein milieu des années 68-70.
La pression familiale ira dans un autre sens ensuite, moi qui rêvais de faire des études de philosophie ou les Beaux Arts à Paris.
Parachuté dans une école de commerce après le bac, toujours passionné plus d’images et de photographie, je n’en obtiendrai pas le diplôme de fin d’études ni ne garderai contact avec un milieu qui n’était pas le mien.
C’est alors que sur une opportunité inespérée j’ai tout remis à plat et suis rentré au studios – (Aujourd’hui Daguerre à Paris 14eme) Comme assistant de plateau. Et passé d’emblé une semaine entière avec Richard Avedon pour les collections Haute-couture et Vogue.
L’histoire était lancée.. ! C’est ensuite que je rencontrerai Sarah Moon que j’assisterai durant deux années puis Déborah Turbeville avec laquelle je travaillerai 6 années pour l’europe en organisant toutes ses prises de vues et films. (Notamment une rencontre extraordinaire avec Henri Alekan.-Chef opérateur mythique des années 60 /80).
Timide, passionné, mais myope et daltonien, rien ne me destinait néanmoins à l’utilisation de ce médium. Mais c’est exactement ce qui m’a porté vers l’utilisation de la lumière, des textures, des matières, d’un parcours d’images plus intérieures que descriptives et anecdotiques.
Le discours propre et créatif se libère alors de tous les codes et influences en utilisant le procédé photographique comme outil, pour ce qu’il offre d’une écriture visuelle.
Une vision singulière entre réalité et rêve. Un voyage presque immobile tant il est intérieur.
Comme disait Proust : « Le véritable voyage ne consiste pas à trouver de nouveaux paysages / Mais à avoir de nouveaux yeux »
Bertrand Cardon.
Exposition
A la galerie-atelier Bertrand Cardon, Chédigny, de 11h à 20h en semaine ou sur rendez-vous au 06 60 49 97 90. Puis du 3 au 19 août lors de la Petite Biennale Photographique de Chédigny.