Olivier De Benoist

Publié dans le PROG! n°173 d'octobre 2020

« On fait rire en décalant la réalité » 

Sur scène, il se glisse volontiers dans la peau d’un homme insupportable. Dans Le petit dernier, il est donc fort logiquement un père indigne, aux enfants pas très brillants !

La vie de famille est une source d’inspiration inépuisable pour vous ?

Disons que pour réussir un one-man show il faut être sincère, donc je puise souvent dans ce que je connais, ma vie, pour donner du vrai au public. Si je n’avais pas quatre enfants, ce serait plus difficile d’en parler et de faire en sorte que les gens y croient. De ce point de vue, c’est un avantage d’avoir des enfants !

En parler sur scène, c’est une manière d’exorciser les difficultés du quotidien ?

Ce qui fait rire le public, c’est surtout que je le fais déculpabiliser. Il y a une sorte de « politiquement correct » avec la parentalité, qui veut que les parents doivent forcément être les meilleurs du monde. Avec ce spectacle, ils réalisent qu’il y a bien pire qu’eux, et ça les fait marrer ! Et on fait rire en décalant la réalité : si je jouais un père de famille modèle aux enfants très bons élèves, ce ne serait pas drôle. Ce qui l’est, c’est que je sois un père horrible, que les enfants soient débiles, bref, qu’on soit dans un enfer général.

Et c’est facile de concilier vie de famille et vie d’artiste ?

Ce n’est pas évident, car c’est un autre rythme. Mais ça évite d’avoir l’ego qui enfle : vous sortez de scène, avec un public qui vous applaudit, vous vous sentez le roi du monde… puis vous rentrez chez vous, dans la réalité, le quotidien. C’est une douche froide direct, qui évite de prendre la grosse tête.

Vous avez débuté en faisant de la magie : vous pratiquez toujours ?

C’était un tremplin vers l’humour, car avec mon parcours (droit, cabinet d’avocats, métier « normal »…) je n’aurais pas sauté le pas pour faire directement humoriste. La magie m’a appris à faire le whow devant des petits publics, faire des tours devant 2, 3 personnes… Aujourd’hui ils sont un peu plus nombreux, mais ils ne viennent plus pour cela. Je continue un peu en privé, pour mes enfants, et ça me suffit largement. Depuis 2000, 2005, ce n’est plus cela qui m’anime.

https://youtu.be/xs2zVuJEnNU

Le confinement sera-t-il une source d’inspiration pour de prochains sketchs ?

Il faut qu’une situation m’amuse pour en faire un spectacle, et le confinement ne m’a pas amusé, ni inspiré. Peut-être car ma femme travaillait et que je passais mon temps avec trois de mes quatre enfants ? Je ne sais pas si c’était une période propice à la création, en tous cas pour l’humour : pour l’instant je n’ai pas encore vu de bon sketch à ce sujet. Je crois qu’on a besoin de légèreté, d’évasion pour créer.

Jouer devant un public masqué, c’est comment ?

Pour être franc, je ne me pose pas la question, je suis déjà heureux d’avoir la chance de rejouer. Le one-man, si on n’arrête de jouer, on perd le rythme, comme les sportifs. Et derrière les masques les rires sont les mêmes, les gens se marrent, on sent qu’ils sont contents de sortir et de voir des spectacles.

Quelle bande-son conseillez-vous aux spectateurs avant de venir vous voir ?

Quand je pense à mes enfants et à ce que je raconte pendant le spectacle, c’est « Du courage » de La Grande Sophie qui me vient en tête, à écouter surtout si vous n’avez pas encore d’enfants !

En spectacle à Saint-Avertin le 24 novembre – www.ville-saint-avertin.fr.

L’actu de l’artiste : www.olivierdebenoist.com

Photos : © Fabienne Rappeneau