Manu Katché

Publié dans le PROG! n°172 de septembre 2020

Batteur et compositeur, Manu Katché a plus d’une corde à son arc. En parallèle de ses aventures aux côtés d’artistes prestigieux, il sera à Jazz en Touraine avec son quartet de jazz.

Vous venez en Touraine pour un festival de jazz…

Enfin ! On va pouvoir jouer ! Quelle punition de ne plus être sur scène pour partager avec le public ! On a tous besoin de nourrir nos esprits !

Et est-ce qu’on parler de jazz pour votre dernier album, The Scope ?

Si la référence en la matière est Parker, Monk ou Coltrane, ce n’est pas du jazz. Mais pour moi le jazz n’est plus seulement le bebop ou hard bop des années 1950, c’est une musique qui a pris l’envergure qu’a pu avoir le rock jusque dans les années 1990, en tant que musique osée, ambitieuse… Si on parle du jazz comme d’une musique qui s’autorise des influences musicales variées, y compris du côté du hip-hop, de l’électro ou de la soul, une musique évolutive qui se nourrit des rencontres et des influences, alors on peut considérer que The Scope relève du jazz. Mais ce n’est que mon avis !

https://youtu.be/sgroF2orW8s

Vous-même avez accompagné beaucoup d’artistes dans des styles très différents. Il y a des styles musicaux vers lesquels vous n’iriez pas ?

Le métal n’est pas mon truc par exemple, même si j’en ai écouté pour découvrir. En collaborant avec Jazzy Bazz pour The Scope, il m’a suggéré d’aller plus loin dans le hip-hop, en accompagnant à la batterie… Cela montre qu’on peut toujours explorer ! Mais il y a des musiques que j’adore et que je ne pourrais pas jouer, comme la musique cubaine, ou orientale. Tant qu’on n’a pas plongé dans une musique et sa culture pour la comprendre, on ne pourra pas l’interpréter à sa manière, et cela prendrait beaucoup de temps ! Mais c’est bien dans la découverte de l’autre qu’on évolue nous-même, à travers l’échange et la collaboration. C’est ce qui me passionne.

Certains de nos lecteurs vous connaissent aussi via la Nouvelle Star où vous avez fait partie du jury : la découverte de talents vous intéresse encore aujourd’hui ?

La Nouvelle Star j’ai adoré ! C’était une possibilité de s’adresser à un public large dans un prime-time, et pas seulement à une niche de musiciens. Ça m’a permis de faire connaitre la musique que j’aimais, j’espère que des enfants ont pu se dire que c’est un vrai métier, et qu’il n’y a pas que la variété française dans la vie. Au-delà de ça, cela m’a ouvert aussi les portes pour pouvoir faire l’émission One Shot Not sur Arte, où j’ai clairement mis mes goûts musicaux en avant, avec des rencontres de musiciens de divers horizons, qui jamaient ensemble à la fin de chaque numéro.

Pour revenir aux découvertes, aux jeunes talents, ce qui est marrant c’est que depuis que j’ai fait la Nouvelle Star on m’envoie toujours des cd, des démos pour me demander mon avis, à la sortie de concerts parfois aussi, ou via les réseaux sociaux. Je n’ai pas la science infuse, mais si on me consulte, je donne mon avis, pour aider. Je réponds à tout, j’écoute tout. Ça me paraît important d’aider la génération de demain, ce sont eux qui vont faire évoluer les choses. Et aujourd’hui, je suis sur le projet de monter un label. Avec une scène où je programmerais des gens dont on n’a pas encore entendu parler, des talents européens, pour les faire découvrir au public, et à partir de là, nous donner les moyens via un label de les sortir de l’autoproduction sur le net, de leur donner une vraie visibilité, les accompagner dans la fabrication et la sortie d’albums… J’espère que cela prendra en forme en 2021.

https://youtu.be/IAot5zg_th4

Qu’est-ce qui vous a le plus manqué pendant le confinement ?

Pas de jouer, car j’ai pratiqué mon instrument, mais d’être sur scène : l’adrénaline, l’émotion, les échanges avec le public… On ne fait pas de la musique pour soi, mais pour la partager !

Pour vous, les trois ingrédients d’un bon festival c’est…

Une bonne programmation, cohérente avec l’événement et son public, et le bon moment, aussi bien pour les artistes que pour les spectateurs. Et surtout une super bande de bénévoles passionnés, car sans eux il ne se passe rien.

Jeudi 17 septembre à Jazz en Touraine – www.jazzentouraine.com.

L’artiste : www.manu-katche.com

[ crédit photo ©Arno LAM ]

https://www.leprog.com/event/jazz-en-touraine-2020/