LA PETITE HISTOIRE… … DU MOJITO

Publiée dans le PROG n°192 de Juin 2022

Point prononciation : « mojito » se lit « morito ». Ou presque. C’est guttural. Ça racle la gorge, pas comme le « R » français, ni comme le doux nectar de ce cocktail cubain. 

Cocktail préféré des Français il y a quelques années, le mojito a toujours du succès ! Un succès mérité ? Disons qu’on doit son arrivée au sommet à la guéguerre entre deux grandes marques de rhum, Bacardi et Havana Club, et leurs pubs à gogo pour nous vendre du mojito (à confectionner avec leurs rhums, évidemment !).

On ne va pas s’en plaindre, même s’ils n’ont pas inventé ce fameux cocktail composé de rhum, de feuilles de menthe, de citron vert et de sucre de canne, avec une pointe d’angostura et de l’eau gazeuse. La légende veut que ce soit le pirate Francis Drake et ses hommes qui aient posé les bases du mojito : de l’eau-de-vie locale, du citron vert pour combattre le scorbut, de la menthe et autres herbes pour se rafraichir et aider à la digestion, du jus ou sucre de canne pour adoucir le tout et un peu d’eau pour diluer ce mélange détonnant. 

Entre cette première tentative au XVIe siècle et le mojito d’aujourd’hui, il faut faire étape dans le Cuba du XIXe siècle : c’est le moment où la production de rhum cubain s’intensifie et gagne en qualité. Le bon rhum cubain remplace l’eau-de-vie, et on officialise le nom mojito. Mojito est le diminutif de mojo. Mais le mot mojo fait-il référence à un mot africain signifiant « sort » ou « envoutement » ? Ou au mojo en tant que sauce pour accompagner des plats ? Ou alors à une préparation à base de citron qui aurait existé à Cuba, et qu’on pouvait demander avec du rhum ?

Des origines incertaines et un nom énigmatique n’ont pas empêché le cocktail de voyager depuis Cuba jusqu’au Mexique et aux Etats-Unis au début du XXe siècle, avant de traverser l’Atlantique pour nous rafraichir cet été. Avec modération, et avec délectation ! 

 

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