Anne Bouvier

Publié dans le PROG! n°164 de décembre 2019

« J’AI TOUJOURS EU BESOIN DE ME RASSURER »

Dans Mademoiselle Molière, Anne Bouvier incarne Madeleine Béjart, compagne de Molière, que celui-ci délaisse pour la fille de Madeleine. La comédienne ne se lasse pas de cette histoire.

Un homme qui quitte sa femme pour une plus jeune : c’est une histoire atemporelle ?

C’est ce que je me suis dit tout de suite. Il y a les costumes, des personnages historiques intéressants, mais c’est avant tout une histoire d’amour, une histoire terrible qu’on retrouve à travers les siècles.

Éclairer cette partie de la vie de Molière a-t-il changé votre approche de l’auteur ?

Je ne suis pas très objective, je crois que je l’aime encore plus. Entrer dans sa tête, ses atermoiements, être immergée dans cette histoire me l’a rendu encore plus familier, et je commence à lui pardonner ! C’est tellement difficile de dissocier l’artiste de l’homme... Peut-être vaudrait-il mieux ne pas savoir, et s’arrêter à l’œuvre, car on est souvent déçu par l’homme ? C’est tout un débat !

Vous avez été nominée aux Molières pour cette pièce, c’est important pour vous ?

J’avoue que oui, car j’ai toujours aimé les écoles, les concours, j’ai toujours eu besoin de me rassurer. C’est pour ça que je voulais passer par le conservatoire. Cela me donne une légitimité, une reconnaissance, comme si j’avais besoin qu’on me dise que j’ai raison d’être dans ce métier. Cette consécration de mes pairs c’est comme si on me disait « on t’aime », « c’est bien ce que tu fais ». C’est bête mais ce n’est pas qu’anecdotique pour moi, même si je sais que d’autres s’en fichent.

Vous doutez souvent de votre légitimité ?

Comme je suis fille de comédiens, je voulais prouver que j’avais ma place, je voulais me faire un prénom. Je suis un peu plus en paix avec cela maintenant, mais je doute toujours : est-ce que je fais les bons choix, est-ce que je suis à la bonne place ? Il faut bien sûr profiter des bons moments, mais aussi savoir se remettre en question dans ce métier. Il faut rester vigilant.

Vous êtes aussi metteuse en scène : est-ce que c’est expérience a transformé votre manière de travailler comme comédienne ?

J’ai l’impression qu’on devient plus souple comme acteur, car on sait ce que c’est d’être de l’autre côté. On a une vision plus globale du projet, sans être centré sur soi-même, ce qui peut être assez apaisant et agréable pour le metteur en scène. Et cela m’a redonné le plaisir de jouer.

Sur scène ou en coulisses, vous êtes en tous cas aussi bien au thêatre qu’à la télévision ou au cinéma : y a-t-il d’autres domaines artistiques que vous souhaitez explorer ?

Je suis très investie à l’ADAMI, qui s’occupe de gérer les droits des artistes-interprètes. J’en suis vice-présidente cette année, et c’est passionnant ! Cela me permet de côtoyer des musiciens, des chorégraphes… Le monde est en train d’évoluer, c’est intéressant de se pencher sur les nouveaux enjeux et défis qui y sont liés.

Votre pièce favorite de Molière ?

Dom Juan.

Votre gourmandise préférée ?

Les crocodiles Haribo, que je mets au frigo pour les rendre encore plus savoureux !

Mademoiselle Molière le vendredi 13 décembre à Saint-Cyr-sur-Loire -  escale.saint-cyr-sur-loire.com.