Velpeau et les autres. Réflexions sur le portrait de groupe de médecins
Velpeau et les autres. Réflexions sur le portrait de groupe de médecins
C’est aux Pays-Bas au début du 17e siècle que les portraits de groupe fleurissent, dans un contexte où la bourgeoisie devient le groupe dominant dans toutes les sphères de la société et où le calvinisme condamne la peinture religieuse. À côté des portraits de compagnie ou de ceux de régents, la leçon d’anatomie devient un genre à part entière, de La Leçon d’anatomie du docteur Sebastiaen Egbertsz, 1603, d’Aert Pietersz, à La Leçon d’anatomie du docteur Tulp, 1632, de Rembrandt.
Présent dès le début du 19e siècle, c’est surtout dans sa deuxième moitié que le genre s’épanouit de nouveau. En proposant au salon de 1864 Une leçon d’anatomie, ou Leçon d’anatomie du Docteur Velpeau, Augustin Feyen-Perrin s’inscrit dans une dynamique incarnée la même année par Henri Fantin-Latour et son Hommage à Delacroix, les deux puisant dans une certaine inspiration religieuse.
Le genre retient l’attention de nombreux autres artistes, souvent associés aux mouvements réalistes ou naturalistes, en Europe comme aux États-Unis d’Amérique. Comment les interpréter ? Relèvent-ils de l’allégorie, de la peinture d’histoire, sont-ils des formes hybrides ? Certains de ces portraits, à mesure que l’on s’éloigne du didactisme de la fin du 19e siècle, s’affranchissent des formes canoniques pour se rapprocher de la peinture de genre, voire de l’intime, ou porter un discours social et politique nouveau.
Par Jérôme van Wijland, conservateur général des bibliothèques, Académie nationale de médecine, Paris