Le fil rouge qui rassemble les œuvres de l’exposition est celui d’un paysage visionnaire qui introduit la dimension inattendue du merveilleux, du magique (ou même de l’effroyable) dans la vie de tous les jours.
Emprunté à la poésie de Dante, le titre Presi per incantamento traduit l’effet de surprise et de ravissement qui subitement nous arrache à la réalité à l’instant de la rencontre avec une œuvre d’art.
L’exposition se déploie à travers un parcours fluide et mouvant qui illustre l’instabilité de notre monde et la fragilité de notre rapport à la nature et aux autres vivants. Les œuvres prennent sens dans les multiples variations de la perception qui dissolvent les frontières entre réalité et imagination. Les artistes utilisent le son, la lumière, ou tout autre effet permettant d’amplifier la relation au réel. C’est dans l’ambiguïté de l’immatériel et de l’impalpable que les œuvres nous invitent à percevoir des aspects ignorés du temps ; les ombres et les reflets deviennent les protagonistes ; l’inobservé apparaît dès lors progressivement.
Alors que beaucoup des expositions actuelles en art contemporain questionnent pertinemment les problématiques urgentes liées à l’environnement, les crises politiques, économiques et sociales, les guerres, les fluctuations entre les genres ou encore notre ère de l’anthropocène, nous choisissons de revenir à une notion toute aussi essentielle qui depuis bien avant le courant romantique n’a de cesse d’inspirer les artistes. L’enchantement ou le soudain, la suspension, le rapt, l’enlèvement, le moment où l’esprit, l’inconscient et les sens sont transportés ailleurs, dans un autre monde, inconnu, fantastique, incandescent, sombre et dangereux. À une époque où les équilibres du monde semblent voler en éclats, il nous parait d’autant plus urgent de revenir à ces conditions fondamentales qui nous ramènent au moment présent, au hic et nunc.
L’enchantement arrive par surprise, il ne dure pas, il s’estompe rapidement en d’autres sentiments, plus diffus et impalpables.
Le visiteur est placé au centre d’un paysage scénique où les œuvres s’agencent à l’instar d’un organisme vivant. Parfois monumentales, parfois immersives, les œuvres dialoguent avec les visiteurs et visiteuses. Ce sont eux et elles qui les incarnent à travers leurs mouvements et leurs déplacements, avec leurs regards.