Divers Expos

Les voyageuses immobiles

Sans trop s’éloigner de son ancienne ferme charentaise, Isa Moreau-Nicoleau nous transporte aussi bien dans l’espace avec ses japonités, que dans le temps avec ses ouvrages d’inspiration médiévale. Issue d’une famille d’artisans peintres, depuis trois générations, elle baigne dans un univers de couleurs. Élevée par une maman qui coud et tricote et une grand-mère qui peint, son avenir est tout naturellement tracé.

Après le bac, elle se dirige vers des études d’Histoire de l’Art. La naissance de ses trois filles lui procure la joie de créer vêtements et accessoires en commençant à exercer ses talents de brodeuse.

Curieuse de belles images et passionnée d’expositions en tout genre, elle découvre le patchwork avec Patricia Martin de l’Atelier à Jarnac. Elle décide aussitôt de suivre ses cours. Élève appliquée, elle acquiert vite les techniques traditionnelles qui éveillent sa créativité.

Une opportunité lui permet de remplacer une pigiste à la revue Modes & Travaux. Pendant quelques années, sous le pseudonyme de Marguerite-Germaine (prénoms de ses grand-mères), ellepropose plaids, nappes, sacs et autres accessoires. Cette activité, qui pour la plupart n’est qu’un loisir, devient pour Isa un travail à part entière et sera le ciment de sa vie de femme au foyer, avec un mari souvent absent. Elle ne parle d’ailleurs que de “boulots” pour désigner ses ouvrages.

Plusieurs de ses ouvrages sont distingués. Elle reçoit le premier prix du jury à Tours Cité de la Soie pour Soies flottantes, puis à Mollèges, avec Les Pénélopes pour Palimpseste architectural et à Campel (35) pour Costume de Cour. Elle expose Eloge de l’ombre à Aniane en 2008 et Allée de Soie à Briançon en 2010. Elle confie volontiers ses boulots pour la valise EQA. Elle apprécie de suivre leur parcours, comme actuellement Crazyfan. Les heures oisives et Couchée dans les coquelicots, des miniatures, illustrent le calendrier France Patchwork 2009.

Lectures, visites de musées ou émotions sont le support de ses créations. L’ouvrage s’élabore d’abord dans son imagination. Commence alors la quête des matériaux nécessaires, parmi la multitude de tissus, fils, perles et bijoux accumulés et bien rangés dans ses boîtes à trésors. Une fulgurance de couleurs envahit l’artiste, vêtue de noir pour ne pas apporter d’éléments toxiques à sa recherche. Ce sont alors des heures de travail, pour elle du « temps passé » et non du « temps perdu », avant d’arriver à la phase finale. Un mélange de techniques : piécé, appliqué, sashiko, trapunto, quilting, caractérise son travail. Broderies et embellissements enrichissent toujours la surface textile.

Passionnée par l’univers japonais, comme Roland Barthes, Isa « est tombée dans la japonité » et devient Japonisa. 

Malgré son caractère volubile et tranché, elle découvre un monde de solidarité, les véritables valeurs du patchwork : échange et partage, en proposant des stages de crazy, sa technique de prédilection. 

Aujourd’hui, cette artiste, qui se déclare plutôt « artisane », est à la recherche d’une nouvelle identité artistique, en rapport avec l’inspiration médiévale ancrée en elle depuis longtemps.

L’occasion lui est donnée, en mai 2011, d’exposer ses dernières créations à Pontoise, ville médiévale : Penthésilée, reine des amazones, Alice de Montpellier ou Makimono médiéval

19 rue Nationale — 37000 Tours

Organisateur