La Petite Histoire... d'Agnès Sorel
Sauriez-vous dire qui fut l’épouse du roi Charles VII ? Non ? Loin de nous l’idée de vouloir pointer du doigt des lacunes en histoire de France. En réalité, si vous ne connaissez pas cette reine, c’est parce qu’une autre femme lui a volé la vedette : Agnès Sorel.
La petite Agnès n’a au départ rien d’extraordinaire : née en l’an 1422 dans une famille de la petite noblesse, on l’envoie à quinze ans rejoindre la cour de la duchesse d’Anjou, Isabelle de Lorraine.
On grimpe l’échelle sociale comme on peut, et pour une jeune femme comme Agnès, cela signifie être dame de compagnie.
Mais à la faveur d’une rencontre fortuite avec le roi Charles VII en 1443, slash ! C’est le coup de foudre… unilatéral dans un premier temps. La demoiselle se laisse désirer, et pour se rapprocher d’elle, le roi lui fait rejoindre les dames de compagnie de son épouse. L’ayant à portée de mains, il redouble d’ardeurs et parvient à vaincre les défenses de celle qui a tout de même vingt ans de moins que lui !
Agnès va bien vite mener l’homme par le bout du nez, et le souverain la couvre de cadeau : la cité royale de Loches où elle fait aménager le château, les fiefs d’Issoudun, de Vernon, et le Domaine de Beauté-sur-Marne qui lui vaudra le surnom de « Dame de Beauté ». Il faut dire que la jeune femme réunit tous les canons de l’époque, avant de révolutionner les modes de la cour en fashionista du Moyen-Age. Blonde, le front épilé, rouge à lèvres, elle introduit les épaules décolletées, se pare de robes bordées de fourrures, et porte les bijoux que son cher et tendre lui offre.
Car l’autre innovation apportée par Agnès Sorel est bien celle-ci : elle ne fait point partie des maîtresses vivant dans le secret, et devient la première amante officielle d’un roi de France. Le statut de « favorite » est né ! Sa beauté, ses manières et son influence sur le roi et sur ses conseillers ont donc facilement éclipsé la reine (qui s’appelait Marie d’Anjou, soit dit en passant). A tel point qu’on lui attribue aussi bon nombre d’ennemis, à commencer par le fils légitime du roi, le futur Louis XI, dont l’animosité est si évidente que son père l’éloigne en lui confiant la tâche de gouverner le Dauphiné.
Que penser alors de la mort de la jeune femme en 1450, juste après avoir donné naissance à leur 4e enfant ?
L’enquête est encore en cours, puisque les analyses menées en 2004 sur les restes exhumés du tombeau de Loches ont révélé de forts taux de mercure dans son corps…
Empoisonnement ? Erreur de traitement contre les parasites dont elle souffrait ? Les suspects sont en tous cas légion : du dauphin Louis aux exécuteurs testamentaires qui étaient son médecin et l’argentier Jacques Coeur, en passant par sa cousine qui la remplacerait dans le lit royal… Le mystère reste entier !