LA DÉCONFITURE À L’ŒUVRE
Try again – littéralement « essaie encore » – est une tentative d’exploration au long cours de la notion d’échec. Une performance jubilatoire composée de tentatives, d’essais qui — si tout va bien — échoueront. Des extraits d’interviews, témoignages et récits d’échecs viennent éclairer (ou contredire) ces mises en pratique, entre jeu, expérimentations physiques et contre-prouesses circassiennes.
L’époque était à la surmédiatisation des réussites individuelles, à l’arrogance des succès fulgurants. De notre système d’éducation, de l’organisation de nos modèles économiques et sociaux jusques aux héros imaginés pour nous inspirer ou nous divertir, la performance, l’efficacité et le succès semblaient être les seuls prismes de lecture, les seuls critères valides. Bien sûr, peu d’entre nous y avaient accès, et plus ceux qui en étaient privés développaient un sentiment d’insatisfaction, plus je m’interrogeais sur les notions de réussite et d’échec.
Il n’en avait pourtant pas toujours été ainsi, je me souvenais vaguement d’une époque où l’échec ne pesait presque rien sur mes épaules. Sensations diffuses liées à mes jeux d’enfant, quand les pleurs provoqués par une chute duraient le temps qu’une distraction, n’importe laquelle, vienne en effacer instantanément le goût amer. Les victoires et les défaites étaient mouvantes et polymorphes. Leur importance capitale n’avait d’égal que leur absolue gratuité : il suffisait de brandir un manche à balai en hurlant pour mettre en déroute les armées ennemies. Rien n’était impossible alors, j’étais immense et mesurais vingt mètres de haut chaque fois que cela me chantait.
L’échec d’un acte esthétique pouvait-il être vecteur de davantage d’émotion que sa réussite ?
La binarité qui régnait sur la perception de nos expériences pouvait-elle être dépassée ?
Par exemple, si je ratais mon avion, mais que celui-ci s’écrasait en plein vol, qu’advenait-il de la catégorisation échec/succès ?
Il était temps d’essayer à nouveau.