L'interview de SOVIET SUPREM

Publiée dans le PROG n°192 de Juin 2022

« Tous aux chants ! »

Décidés à instaurer la révolution du dancefloor, Sylvester Staline et John Lenine seront au festival des Kampagn’arts. Sylvester nous en dit plus sur le programme. Allez, on active le second degré !  

Quel sera le programme pour les Kampagn’arts ? 

Soviet Suprem, c’est avant tout un spectacle, de la musique, et des interactions avec le public. C’est la révolution du dancefloor, mais aussi une dictature assumée, contrairement à ces démagogues qui chantent la paix et l’amour tout en demandant au public de lever les bras. Eux sont des dictateurs sans l’admettre ! Mais nous sommes des dictateurs avec de l’humour, à la différence des dictatures politiques.

Pourquoi avoir choisi l’URSS ? Ça aurait pu être sympa une dictature latinoaméricaine ?

QUOI ? Avec des chemises hawaïennes et de la musique tropicale ? Non, on aime avoir froid et mettre les gens mal à l’aise. Dans notre album L’internationale nous avions exploré les musiques du monde, en imaginant ce qu’elles pourraient être si l’URSS avait gagné la guerre froide. Il y avait une « Cumbalkania » par exemple… Mais comme Vladimir déconne, je vous donne un scoop : notre prochain album s’appellera Made in China. 

Pas peur des représailles pour cette appropriation musicale ?

C’est ce que diraient les « wokistes », mais nous n’avons peur de rien ! Et si l’Europe devient décadente, peut-être que les Chinois nous envahirons. Nous avons le secret espoir qu’ils nous nomment au Ministère de la Culture. Avec un programme simple : « Tous aux chants ! ».

Vous avez tous les deux d’autres projets (La Caravane Passe pour Thomas, Java et des albums solos pour Erwan) : quel est votre état d’esprit quand vous vous retrouvez pour Soviet Suprem ?

C’est la récré ! Avec la guerre en Russie, on avait des doutes sur les réactions du public. Mais on a été assez surpris de voir que les gens s’éclatent, comme si le concert était un exutoire.  On se moque de tout, on ne se prend pas au sérieux… tout en travaillant très sérieusement sur les compositions, les paroles, la mise en scène.

Choisir d’avoir tout ce décorum, c’est pourquoi ? Pour rire ? 

Une volonté de se marrer, oui, et Thomas est originaire d’Europe de l’Est et a toujours été attiré par les folklores d’Europe de l’Est qui sont les derniers en Europe à être aussi vivants. En France ces folklores se sont perdus (finalement la France s’est auto-colonisée en gommant tous ses particularismes régionaux). Au tout début, Soviet Suprem est né pour participer aux soirées Balkan Beats, en mode DJ set, c’était vraiment pour s’amuser. Mélanger des musiques électro, rap, avec des sonorités de l’Est. Et comme l’Europe de l’Est a longtemps été sous la coupe de l’URSS, on a trouvé ça drôle de s’appeler Soviet Suprem, et de s’imaginer jouer les contrepoids face à l’américanisation de l’Europe de l’Ouest. Et puis c’est devenu l’occasion de développer tout un univers via les réseaux sociaux, où on détourne l’actualité dans cette république imaginaire, de manière satirique, caricaturale, histoire de ne pas seulement divertir mais aussi pousser à réfléchir. 

 

Et puisque vous viendrez en Touraine aux Kampagn’arts, quelle est votre relation à la nature, à la campagne ?

On veut y mettre tous les intellectuels, pour qu’ils retournent à la permaculture. Nous sommes de vrais écologistes. 

C’est une promesse un peu facile, car les intellectuels et les artistes sont déjà à la campagne ! 

C’est vrai, j’habite dans le Tarn-et-Garonne. Et pour parler sérieusement, je pense que les gens qui débarquent aujourd’hui à la campagne ne sont plus les hippies d’autrefois : des bac+5, des ingénieurs qui quittent leurs entreprises avec un vrai questionnement autour de l’écologie et de la nature. Et le côté positif c’est que les campagnes se repeuplent, même si c’est encore insuffisant (surtout quand on voit la carte électorale des présidentielles…). 

 

A vivre en live au festival les Kampagn’arts le vendredi 24 juin - www.kampagnarts.fr

L’actu du Soviet : www.sovietsuprem.com 

 

Voir aussi