L'interview de Jean-Pierre Darroussin

Publié dans le PROG ! nº185 de novembre 2021

« J’avais toujours dit que je ne le ferais jamais »

Avec Rimbaud en feu, le comédien Jean-Pierre Darroussin est pour la première fois seul sur scène. Avant sa venue en décembre, nous avons voulu en savoir plus sur ce projet.

Quelle relation entretenez-vous avec Rimbaud, le poète, et l’aventurier ?

Je ne fais pas partie de ce que l’auteur de la pièce, Jean-Michel Djian, appelle les « rimbaldôlatres » dans un de ses livres. Mais je fais partie des gens qui s’intéressent à la poésie, et j’ai déjà vu des spectacles autour de Rimbaud, des lectures de ses textes. C’est un personnage mythique et culte pour tous ceux qui s’intéressent à la littérature. Il fait partie des phares.

Le spectacle s’intéresse-t-il à son œuvre, ou à sa vie tumultueuse ?

On a essayé de percevoir, de chercher l’agitation de ce personnage. Qu’est-ce qui anime un type comme ça ? Qu’est-ce qui fait qu’il cumule tant de voyance, tant de lucidité, et en même temps tant de fulgurance, tant de confusion, ou de fusion avec les éléments, la nature, l’envie de voyage, l’envie d’être jeune, d’échapper et d’être ailleurs… Nous essayons de restituer cette envie d’ailleurs, cette agitation, cette folie qui l’habite à travers un personnage qui se prend pour un Rimbaud qui ne serait pas mort, et qui serait de toute éternité.

Et vous vous retrouvez dans cette agitation, ou dans certains aspects du personnage ?

Dans le fait d’échapper à un destin d’aliénation prévisible, auquel beaucoup de gens ont du mal à échapper. Et chez ce personnage il y a cette envie d’ailleurs jusqu’à la folie.

Vous avez collaboré à l’écriture de la pièce avec Jean-Michel Djian ?

Un petit peu… Je cherchais à faire un spectacle seul en scène qui m’avait été commandé par le Théâtre Antoine. J’ai échangé avec Jean-Michel Djian pendant le confinement, il a eu envie de me proposer des textes, m’en a envoyé quelques-uns, nous avons échangé, je lui ai expliqué comment je voyais les choses, et il a fini par livrer ce texte autour de Rimbaud, dont nous nous sommes emparés avec Anna Novion à la mise en scène.

Etre seul en scène est une expérience qui vous faisait envie ?

Pas du tout ! J’avais toujours dit que je ne le ferais jamais, mais on me l’a proposé… Ça coûte moins cher un comédien seul sur scène, mais je m’aperçois surtout qu’à chaque fois qu’on se ferme à l’idée d’une expérience nouvelle, on a tort. On se prive de quelque chose.

Et quelles sont vos premières impressions après le début de cette tournée ?

Je vois que ce qu’on a essayé de faire a un impact sur le public, qui est dans une écoute quasi religieuse assez étonnante. La salle vibre très vite, à la moindre petite aspérité, dès qu’il y a un détail qui attire son attention. Il y a une énergie qui circule dans le public que je trouve formidable, et je suis content d’être sur scène, en face d’eux. Comme ce personnage est de l’ordre du mystère, je crois que le public aussi est suspendu à ce qu’il ressent, au-delà du rationnel, dans les méandres et les montagnes russes par lesquelles passe le personnage.

Vous qui incarnez un poète dans ce spectacle, la poésie fait-elle partie de votre quotidien ?

J’espère !

En spectacle le 1er décembre à l’espace Malraux de Joué-lès-Tours – espacemalraux.jouelestours.fr

CREDIT PHOTO © E.Blondet ABACA

Interview publiée dans le PROG ! nº185 de novembre 2021.

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