L'interview de Guillermo Guiz

Publié dans le PROG ! nº185 de novembre 2021

« Parler de thèmes plus larges que ma petite personne »

L’humoriste belge bien connu des auditeurs de France Inter sera bientôt en Touraine avec son nouveau spectacle Au suivant.

Votre passé de journaliste influe-t-il sur votre manière d’écrire vos sketchs et vos chroniques ?

Incontestablement. Il y a un lien clair et évident entre la manière dont on cherche un angle pour écrire un article, et la manière dont on cherche un angle pour écrire un sketch. Sauf que quand on fait un sketch, on s’attache moins au factuel pur et aux détails qu’on vérifie et revérifie pour être sûr de ne pas donner une fausse information, alors qu’en tant qu’humoriste on cherche la vanne. Mais quand j’étais journaliste, je faisais des articles et je mettais des vannes dans mes articles. Aujourd’hui dans mes sketches je ne mets que des vannes.

Et votre matière première aujourd’hui, c’est l’info ? Ou c’est vous ?

C’est moi, mais ça reste un « moi » dans mon rapport au monde et aux autres. Je pars de mes expériences personnelles pour évoquer des choses plus universelles, notre société, comment on se confronte à des thématiques qui touchent tout le monde. Il y a des humoristes qui partent du général pour y rester ou pour arriver vers le singulier, j’ai plutôt tendance à faire l’inverse : commencer par mon ressenti, mes expériences, mes foirages, pour faire en sorte de parler de thèmes plus larges que ma petite personne, qui en soi n’est pas très intéressante.

Vous n’avez pas envie de monter un projet qui ferait le lien entre le journalisme et l’humour, avec votre propre émission radio ou télé par exemple ?

Il y a eu des projets qui ne se sont jamais faits. Je ne suis pas le plus grand lanceur de projets du monde, j’ai tendance à me laisser porter par les idées des autres. Je suis assez fainéant et assez occupé déjà, mais je garde ça en tête. Et si jamais je change d’avis je rendrai grâce à PROG de m’avoir suggéré cette idée-là !

Votre nouveau spectacle s’intitule « Au suivant » : quelle en est la ligne directrice ?

J’y parle beaucoup de transmission, d’où le titre. Ça parle de comment on reçoit des codes par l’éducation, des acquis qu’on reçoit de nos parents, comment on les digère, comment on les transmet. J’y parle donc beaucoup de mon père, de l’éducation que j’ai reçue, et de ce que je pourrais transmettre un jour si j’avais un gamin.

Vous faites partie de tous ces Belges arrivés sur France Inter…

Je suis arrivé environ 2 ans après Alex Vizorek et Charline VanhoenackerJe faisais donc un peu partie de la 2e vague, et il y a aujourd’hui une 3e vague avec Florence Mendez, Laurence Bibot ou Fanny Ruwet arrivées l’an dernier et cette année. Au bout de 3 saison chez Nagui je fais un peu partie des meubles, je crois que je suis le plus ancien des chroniqueurs avec Daniel Morin ! On commence à être nombreux, je comprends l’inquiétude des Français qui pensent qu’on vient leur ôter le pain de la bouche. On a le pied dans la porte, on est les témoins de Jéhovah de l’humour !

Et l’exercice de la chronique vous plait toujours ? Pas trop compliqué ?

Objectivement, il y a des moments où j’ai l’impression que je n’ai plus de sève et qu’il faut que je raccroche les crampons. Mais j’avais envie de faire une dernière année, en espérant que la reprise de la vie post-confinement me redonne de l’inspiration. Et j’ai l’impression d’avoir retrouvé un peu de fraicheur ! Mais peut-être que dans deux semaines je vous dirai le contraire. C’est une gymnastique, et c’est un boulot : peut-être que parmi vos lecteurs il y a des comptables qui viennent d’enchainer sept bilans, ils en ont marre, mais c’est leur travail, c’est leur compétence. De mon côté je n’ai pas des masses de talents dans la vie, être chroniqueur radio c’est mon travail, mon métier.

Et les 40 ans cette année, vous y pensez ? Crise en approche ?

Si la crise de la quarantaine c’est celle qu’on voit dans les médias, je crois que je la vis depuis que j’ai 20 ans. Si je faisais une crise ce serait de me mettre soudain à me poser dans une vie plus traditionnelle. Allez, si ça m’arrive je penserai à vous !

En spectacle le 18 novembre à la Parenthèse – Ballan-Miré – laparenthese.festik.net

Et plus d’infos sur www.guillermoguiz.com

CREDIT PHOTO ©Hélène-Marie Pambrun

Interview publiée dans le PROG ! nº185 de novembre 2021.

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