L'interview de DELUXE

Publiée dans le PROG n°192 de Juin 2022

« Une histoire d’amitié avant d’être un groupe »

Liliboy, chanteuse de Deluxe, a répondu avec le sourire à nos questions avant la venue des moustachus à Terres du Son. 

Le dernier album s’appelle Moustache gracias, il y avait déjà eu Stachelight, votre logo est une moustache… Vous êtes tenus par contrat de porter la moustache ? Pas le droit de se raser ?

Deluxe, c’est une histoire d’amitié avant d’être un groupe. Donc s’ils se rasent la moustache, on ne sera plus amis, et alors là, c’est mort. Je ne traîne pas avec des moches. 

Et au bout de douze ans d’aventure, comment fonctionne Deluxe aujourd’hui ?

Tout le monde a son mot à dire sur tout, et chacun a son domaine de prédilection. Kilo, batteur et beatmaker, a mixé l’album – même si on lui donne nos avis, c’est lui qui fait le boulot. Soubri (aux percus), s’est toujours intéressé à l’image, donc il gère le montage de nos clips. On écrit et on compose tous… Il n’y a pas un fonctionnement unique, même s’il y a quelques habitudes

Sur Moustache gracias on retrouve des invités (Youssoupha, Féfé, la Rue Kétanou). C’est souvent le cas sur vos albums, pourquoi ?

On aime tous le rap et le hip-hop. On ne pousse pas toujours ce style musical dans nos albums, mais les titres dont on est les plus fiers sont souvent ceux qui s’en rapprochent… et qui se prêtent au featuring ! Féfé et Youssoupha, ce sont des rêves devenus réalités ! Par le passé on avait travaillé aussi avec IAM ou Oxmo : on a une fibre rap, et ces featuring font partie de l’identité du groupe.

Et sur Moustache gracias, de quel titre êtes-vous fière ?

Je suis fière de la diversité de l’album. Le titre avec la Rue Kétanou par exemple, qui est né grâce à toutes les fois où on s’est croisés en tournée en se disant « faut qu’on fasse quelque chose un jour ». Il a fallu que le monde s’arrête de tourner à cause du covid (et qu’on arrête de tourner, tout court) pour prendre le temps de le faire. C’est un morceau qui dit merci au public qui nous suit depuis longtemps : le covid nous a fait prendre conscience encore plus fortement de leur soutien !

Le fait de reprendre les tournées après deux ans de covid, le plaisir sur scène doit être décuplé !

Exactement ! on était déjà très conscients qu’on avait la chance de faire le métier qui nous plaisait, et on a eu confirmation que c’est ça notre vrai métier : être sur scène, pas forcément derrière un écran ou une caméra pour youtube. La magie opère sur scène, en live. La valeur du jeu ensemble, d’être ensemble. On a appris à télétravailler, comme tout le monde. Pour la 1e fois en 10 ans d’existence on était chacun chez soi. Ça a révélé des facettes différentes du groupe, y’a des chansons en français, interludes instrumentaux… On assume des choses car on vieillit et qu’on a été séparés, cela a mis en valeur les personnalités qui nous composent, pour ne pas faire toujours la même recette Deluxe. Je dirais même que la moitié de l’album c’est la « recette » Deluxe, à l’ancienne, et l’autre moitié un Deluxe un peu plus intime

Dans votre parcours personnel, on trouve les beaux-arts : qu’est-ce que cette expérience vous a apporté, qu’est-ce que vous en conservez encore aujourd’hui ?

J’ai rencontré des personnes incroyables, qui m’ont inspirée et m’inspirent. J’ai une personnalité un peu fataliste, et j’ai croisé des personnes qui m’ont fait comprendre que non, il n’y a pas de fatalité, on réinvente les règles tous les jours. J’ai gardé l’idée de dépasser les limites que je me fixe.

Et quelles limites avez-vous encore à franchir ?

Je suis en pleine transition par rapport à ma peur de chanter en français. L’anglais est ma langue maternelle, donc c’était plus facile pour moi de trouver ma voix en anglais. Mais comme on joue beaucoup en France, c’est un lien qu’on n’avait pas encore établi avec le public francophone, avoir des chansons à partager en français.

Vous jouerez à Terres du Son, festival écoresponsable : que fait Deluxe pour la planète ?

Wow on est encore débutant là-dessus ! On en parle tous les midis, on culpabilise, car un concert c’est pas terrible : rien que l’électricité que consomme un concert, c’est une catastrophe écologique en soi ! Donc on peut se rassurer en se concentrant sur des détails. On n’a plus de bouteille en plastique par exemple, et on demande à manger si possible local et artisanal. On essaie de récupérer les ballons qu’on lance sur scène pour les réutiliser. Mais on n’a pas encore trouvé le moyen de faire un concert qui soit bon pour la planète.


 

Deluxe en concert à Terres du Son le samedi 9 juillet – www.terresduson.com 

A suivre sur www.facebook.com/Deluxemoustache 

 

©Gwennaëlle Gaudy

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